Aujourd’hui mardi 14 juin, Jacques Chirac a annoncé le passage d’ici 2007 de la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, de 150 millions d’euros à 300 millions d’euros. Cette augmentation peut sembler conséquente, mais elle ne suffit pas à rattraper l’énorme différence qui sépare la France des autres pays riches en matière de mobilisation financière contre le sida, ni même à sauver le Fonds mondial — dont Jacques Chirac est pourtant à l’origine — de la banqueroute.
La situation financière du Fonds mondial est aujourd’hui critique. Sur le milliard de dollars dont le Fonds a besoin pour son cycle de subventions 2005, 560 millions de dollars manquent toujours à l’appel avant juillet : c’est maintenant qu’il faut augmenter la contribution française, et de bien plus que 150 millions d’euros.
A titre de comparaison, le montant alloué par Tony Blair pour cette année à la lutte mondiale contre le sida est de 700 millions d’euros (500 millions de livres). Cela correspond à la quote-part de pays tels que la Grande-Bretagne ou la France dans les 10 milliards de dollars que les pays membres de l’ONU s’étaient engagés le 27 juin 2001à atteindre pour la lutte contre le sida.
Si la France peut se targuer d’être le deuxième contributeur du Fonds mondial, c’est avant tout dû au fait que les pays qui mobilisent véritablement des ressources importantes (par exemple les Etats-Unis, avec 2.5 milliards pour 2005) ne font transiter qu’une faible partie de leurs subsides par le Fonds, préférant privilégier la voie bilatérale. Si l’on s’en tient aux budgets globaux (multilatéral + bilatéral), le gouvernement français est ainsi très loin derrière les autres.
Si Tony Blair réussit à trouver dès aujourd’hui 700 millions d’euros pour la lutte contre le sida, Jacques Chirac peut trouver bien plus que 300 millions d’euros, et bien avant 2007.
«Le Fonds mondial va rapidement atteindre 10 milliards de dollars» promettait Jacques Chirac le 22 juillet 2001 au G8 de Gênes. «La promesse des pays développés, c’est que tout État dispose des ressources nécessaires pour financer la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose ; l’humanité se rendrait coupable de non-assistance à peuples en danger si elle n’agissait pas » affirmait Jacques Chirac le 2 septembre 2002 en Afrique du Sud.
Aujourd’hui, en trahissant une nouvelle fois ses promesses envers les malades du sida, Jacques Chirac a contribué personnellement à l’hécatombe du sida et aux 25 millions de morts qu’elle a déjà fait.