Devant des évêques d’Afrique du Sud, Benoît XVI a réaffirmé vendredi 10 juin sa stricte morale sexuelle. Déplorant «l’effondrement de la morale sexuelle» en Afrique, il a prétendu que «l’Église catholique a toujours été en première ligne à la fois pour la prévention et le traitement» du sida et que «l’enseignement traditionnel de l’Église» sur la chasteté et la fidélité dans le mariage «apporte la preuve qu’il est le seul moyen sûr de prévenir la diffusion du sida».
Mais bien sûr.
Tout le monde sait que l’Église catholique a l’habitude de dire la vérité depuis deux mille ans, et à quel point elle a toujours su être active dans les combats les plus importants : la Terre est plate et reste immobile dans l’espace, nous descendons tous et toutes d’un même homme, et il n’y a pas d’évolution, les Noirs et les Indiens d’Amérique peuvent être réduits en esclavage car ils n’ont pas d’âme, le Vatican n’a pas collaboré avec les nazis, le préservatif n’est pas fiable et seule la fidélité endiguera l’épidémie de sida. Faudra-t-il attendre 50 ans (et combien de millions de morts ?) avant que l’Église fasse «repentance» de ses positions actuelles sur la prévention du sida ?
La pandémie touche plus de 42 millions de personnes et tue chaque jour 10 000 d’entre elles. Nous n’avons pas besoin qu’un chef religieux (qui est en même temps un chef d’État représenté dans les plus hautes instances internationales) remette en cause une fois de plus la nécessité de promouvoir le préservatif. Nous nous attendions au pire avec ce nouveau pape. Entre ses récentes déclarations, homophobes, sur le mariage et l’homosexualité, et cette dernière déclaration, force est de constater que nous avions raison.
En France, des associations — Gay Lib ou David et Jonathan — et des représentants politiques — Claude Goasguen pour l’UMP ; le député Patrick Bloche ou la maire du quatrième arrondissement de Paris, Dominique Bertinotti pour le PS — ont condamné l’action d’Act Up-Paris à Notre-Dame de Paris comme une provocation, une violence faite aux croyants. Ces mêmes personnes n’ont aucun mot pour les propos tenus, au nom de Dieu, par le Pape et par la hiérarchie catholique. Souhaitent-ils en relativiser la portée, alors que les conséquences sur le terrain de ce genre de propos sont connues et dénoncées comme étant catastrophiques ?
Ces mêmes personnes dénonceront-elles la violence des menaces et des insultes que les militantEs d’Act Up-Paris reçoivent depuis une semaine de catholiques intégristes ? Ces messages sont disponibles sur notre site. Le président de notre association a par ailleurs reçu sur son adresse mail personnelle des insultes et des menaces, ainsi que de nombreux coups de fil anonymes où il est traité de «pédé» et où on lui annonce : «on va te faire la fête».
Act Up-Paris a porté plainte contre X le 8 juin dernier pour insultes à caractère homophobe, menaces de mort et de violences contre biens privés.