Aujourd’hui 29 juin, l’OMS a confirmé la crainte qui depuis plusieurs mois habite les militants de la lutte contre le sida : l’initiative 3×5 (3 millions de personnes sous traitements en 2005) va échouer ; le seuil des 3 millions de malades du sida traités ne sera pas atteint en 2005, au moins de moitié. Ainsi, l’échec de « 3×5 » va entraîner la mort de centaines de milliers de malades du sida que l’on aurait pourtant pu soigner cette année.
L’OMS avait tiré la sonnette d’alarme dès le 26 janvier au sommet de Davos, en révélant que, sur les 4 milliards de dollars nécessaires à la réussite de « 3×5 », 2 milliards étaient toujours manquants. Quelques heures, Jacques Chirac avait prononcé un discours sur le financement de la lutte contre le sida dans les pays pauvres, mais sans répondre à la question que l’OMS était venue soulever : qui allait payer les 2 milliards de dollars nécessaires ?
Devant l’importance des enjeux humanitaires, le 2 février, les associations françaises de lutte contre le sida interpellaient le président de la République dans Libération pour l’appeler à répondre à la question posée par l’OMS. Nous avions demandé au chef de l’Etat à sauver l’initiative « 3×5 » en commençant par aligner la contribution française à la lutte mondiale contre le sida sur celle de notre voisin britannique, soit 700 millions d’euros en 2005 (ce qui ne représente que 0,05% des PNB de la France ou de la Grande-Bretagne), au lieu des 130 millions prévus au budget français.
Notre appel est resté lettre morte. Jacques Chirac a refusé toute augmentation de la contribution française à la lutte mondiale contre le sida, et n’a pas daigné inscrire la question des 2 milliards manquants à l’ordre du jour des discussions du G8. Enfin, le 14 juin dernier, le président de la République a confirmé officiellement qu’aucun effort supplémentaire n’aurait lieu avant 2006 au plus tôt.
Pourtant, le rapport remis le 26 janvier avait montré que l’initiative « 3×5 était sur la voie de la réussite. Au cours de 2004, elle avait permis de doubler le nombre de personnes traitées dans les pays pauvres, avec une progression de plus de 75 % à l’échelle mondiale, et même un doublement sur le continent africain. La tragédie du raz de marée en Asie venait de démontrer que, face à des enjeux humanitaires exceptionnels, les pays riches sont susceptibles de mobiliser rapidement des fonds.
Le 2 septembre 2002 à Johannesburg, Jacques Chirac avait déclaré : « la promesse des pays développés, c’est que tout État dispose des ressources nécessaires pour financer la lutte contre le sida. L’humanité se rendrait coupable de non-assistance à peuples en danger si elle n’agissait pas ».
En refusant de tenir ses engagements financiers, Jacques Chirac a contribué à l’échec de l’initiative « 3×5 », et à la mort évitable de plus d’un million de malades du sida. Après que le sida a fait plus de 25 millions de morts, Jacques Chirac en veut encore.