Aujourd’hui vendredi 8 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement du G8 se sont engagés en faveur de l’accès universel au traitement sida d’ici 2010. Act Up-Paris se félicite de cette prise de conscience, mais espère qu’il ne s’agit pas une fois de plus d’un effet d’annonce des dirigeants du G8 face à l’impératif humanitaire et sanitaire que constitue la lutte contre l’hécatombe du sida, qui a déjà fait près de 30 millions de morts.
«Il est difficile de savoir quel crédit apporter à cette annonce, dans la mesure où cette année le G8 n’a pas tenu ses promesses en matière de financement de l’accès au traitement sida dans les pays pauvres» a commenté Régis Samba-Kounzi d’Act Up-Paris.
En effet, depuis l’appel lancé par l’OMS au Forum Economique mondial concernant les 2 milliards de dollars manquant pour mener à bien l’initiative «3×5», aucun pays riche n’a mis la main à la poche. L’initiative «3×5», qui vise à mettre 3 millions de malades du sida des pays pauvres sous trithérapie avant la fin 2005, avait été lancée le 1er décembre 2003. L’ensemble des Etats membres de l’Organisation Mondiale de la Santé, dont tous les pays du G8, s’étaient prononcés en faveur de l’initiative à l’occasion de l’Assemblée Mondiale de la Santé de mai 2004.
Aujourd’hui, le succès de l’initiative «3 by 5» d’après l’OMS, est très gravement compromis.
«Les engagements financiers globaux ne sont pas suivis d’effets si les pays ne se mettent pas d’accord sur qui paye combien, comme l’a montré l’expérience de l’engagement pris à l’ONU en 2001 d’arriver en 2005 à 10 milliards de dollars annuels pour la lutte mondiale contre le sida» ajoute Khalil Elouardighi d’Act Up-Paris.
Le rapport d’ONUSIDA du 28 juin indique que le coût global des programmes d’accès au traitement sera de 12,3 milliards sur les trois prochaines années, dont 3 milliards de dollars dès l’année prochaine. Le sérieux des engagements du G8 pourra donc se vérifier dès septembre dans les budgets 2006.
En ce qui concerne la France, malgré un affichage important et utile sur la question, la contribution française à la lutte mondiale contre le sida reste 5 fois inférieure à celle de notre voisin britannique (130 millions d’euros pour la France contre 700 millions d’euros pour la Grande-Bretagne). Même en 2007, lorsque la France doublera sa contribution au Fonds mondial Sida-Tuberculose-Paludisme, la contribution française à la lutte contre le sida n’atteindra que 220 millions d’euros[[Seuls 60% des fonds versés au Fonds mondial sont alloués à la lutte contre le sida ; les 40% restants vont aux luttes contre la tuberculose et le paludisme. Ainsi, sur 300 millions d’euros en 2007, 180 iront à la lutte contre le sida. Les autres voies de financement de la France contre la pandémie totalisent 40 millions d’euros annuels.]], soit toujours trois fois moins que la Grande-Bretagne.