Le traitement d’un cancer est très souvent une poly-chimiothérapie, d’où un cortège d’effets secondaires possibles et parmi les plus importants en médecine.
Si l’infection à VIH non traitée induit une diminution progressive des CD4 circulants, la chimiothérapie, majoritairement cytotoxique, va tuer de nombreuses cellules normales de l’organisme et les lymphocytes en font partie. Les tissus, et cette population en particulier, sont normalement en perpétuel renouvellement, le phénomène est donc réversible, mais le retour à la normale varie d’un individu à un autre. Il y aura donc baisse de l’immunité et, au passage, perte temporaire de la fiabilité du marqueur CD4 pour suivre l’évolution de l’infection à VIH. D’autres cellules sont touchées au niveau sanguin, mais par stimulation, leur renouvellement est possible. Des concentrés cellulaires peuvent aussi être administrés.
Un traitement sur mesure
Les traitements anticancéreux doivent être adaptés à la personne vivant avec le VIH. Ce sont les antirétroviraux qui priment. Une interruption de ces traitements doit être considérée avec beaucoup de précaution (risque d’émergence de souches virales résistantes aux traitements). Il faut insister une fois de plus sur l’importance de la coordination des soins. Du fait du temps qui se compte en années pour l’apparition et l’évolution de certaines tumeurs et du peu de recul par rapport à l’introduction des antirétroviraux, les médecins n’ont pas encore tous les éléments pour proposer des recommandations standardisées pour le traitement des tumeurs chez les personnes vivant avec le VIH. Il est donc crucial de minimiser les facteurs de risque chez ces personnes avant d’initier une chimiothérapie. Ceci passe par la prévention, voire l’élimination si possible, des infections opportunistes. Une personne sous antirétroviraux sera plus à même de recevoir une chimiothérapie quoique ces mêmes traitements entraînent aussi un cortège de modifications de l’organisme et des risques d’interactions médicamenteuses*. Incidemment, ces interactions peuvent être amplifiées lors des co-infections par les virus de l’hépatite B ou C qui fragilisent le foie, siège de la transformation des médicaments et donc modification possible des taux effectifs de médicaments (sur ou sous-dosées). Les traitement anticancéreux sont généralement proches des standards quoique potentiellement plus toxiques et donc à adapter individuellement, notamment en fonction des antirétroviraux utilisés qui peuvent interagir avec la chimiothérapie antitumorale. Même sous traitement, les séropositifVEs doivent se voir proposer un bilan clinique complet avant d’initier des chimiothérapies. Il apparaît donc clairement que le traitement d’un cancer chez la personne vivant avec le VIH doit faire l’objet d’une coopération subtile entre spécialités médicales.