Une précarité instituée
Considérer la précarité et l’exclusion comme de simples fatalités est évidemment une vue de l’esprit dans l’un des pays les plus riches du Monde. Les lois restrictives en matière d’immigration repoussent certain-e-s dans la clandestinité et en enferment d’autres dans des statuts administratifs leur interdisant l’accès à l’emplois. Il faut ajouter à cela les 7 millions d’emplois interdits aux étranger-e-s, l’inégalité des droits sociaux entre français-es et étranger-e-s et les discriminations au logement et à l’emploi. Dans de telles conditions des hommes, des femmes et des familles risquent à tout moment de se retrouver à la rue, sans pouvoir accéder à un logement social. Là encore ils et elles sont victimes d’inégalité : à demande égale, les délais d’obtention d’un logement social sont plus longs pour les étranger-e-s que pour les français-es. De nombreuses personnes sont ainsi obligé-e-s de se tourner vers les rares alternatives qui se proposent à eux-elles : logements insalubres et/ou illégaux, squats, foyers d’hébergement d’urgence ou hôtels sociaux. La situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons n’est donc en aucun cas ce qui arrive « à force d’accepter des gens à qui on ne peut proposer ni travail ni logement » comme l’a récemment prétendu le Ministre de l’Intérieur mais bien la conséquence directe d’une politique restrictive en matière d’emploi et de logement.Attention danger
Les incendies qui ont frappé la communauté africaine, ces derniers mois, sont l’illustration la plus extrême des conditions de vie des étranger-e-s mais ces accidents ne doivent pas voiler les conséquences au quotidien du mal-logement ou de l’absence de logement. Les familles étrangères sont en première ligne des pathologies associées aux logements insalubres telles que le saturnisme. Plus largement, il est évident que lorsqu’il faut répondre au jour le jour à des enjeux de survies, trouver une solution pour manger, se loger, et subvenir au besoin de sa famille, les démarches de soins et de santé sont d’autant plus difficiles à mener. De plus en plus de malades étranger-e-s se voient délivrer des autorisations de séjour qui leur interdisent toutes ressources. Ils et elles ne peuvent alors compter que sur l’aide de quelques structures humanitaires ; il s’agit souvent de vivre et se soigner avec une dizaine d’euro par semaine dans des conditions qui rendent très difficile la mise en œuvre des traitements lourds tels que les trithérapies.Pour une prise de conscience des pouvoirs publics
Face à cette situation de crise sanitaire et sociale, nous demandons un droit commun et sans exception pour l’accès au travail, au logement et à une protection sociale. Le droit au logement de tou-te-s ne doit pas rester un vain mot : pour cela les pouvoirs publics doivent mener immédiatement une politique ambitieuse de construction de logements sociaux, de réhabilitation, quand elles sont possibles, des logements insalubres et de réquisition d’urgence des appartements inoccupés. Ce ne sont pas les opérations médiatiques d’expulsion de squats sans relogement pérenne ni l’augmentation des reconduites à la frontière qui permettront une amélioration des conditions de vie et de la santé des étranger-e-s. Aucune politique de santé publique ne pourra être menée sans passer par une politique efficace de lutte contre l’exclusion et la précarité, c’est à dire un droit commun et sans exception au travail, au logement et à une protection sociale C’est pourquoi les organisations signataires appellent à un rassemblement le jeudi 15 septembre devant le ministère de la Cohésion sociale à 13h.