Sur le sommaire, publié en couverture, du numéro 13 de Prévalence, la revue de l’Institut de Veille Sanitaire, on peut lire ce titre annonçant un article : «vih-sida : les groupes à risques». Une expression depuis longtemps abandonnée du fait de sa dangereuse ambiguïté.
L’expression de «groupes à risques est combattue par les malades et les associations depuis le début de la pandémie. Ce terme prête le flanc à des interprétations stigmatisantes et discriminatoires, en laissant entendre que des groupes spécifiques seraient dangereux, puisqu’à risque. Il implique aussi que d’autres groupes de la population ne seraient pas concernés par le vih. Cette analyse a été faite et refaite, et nous la pensions partagée et validée par les épidémiologistes et l’IVS.
Pour défendre l’utilisation de cette expression, l’administration nous explique qu’elle est utilisée dans le cadre de toutes les pathologies infectieuses, sans connotation stigmatisante. Mais on ne peut parler avec les mêmes termes de toutes les pathologies : les modes de transmission du vih/sida, les discriminations que peuvent rencontrer les personnes les plus touchées par cette infection — migrantEs, homosexuels, ou usagers de drogues (même si la réduction des risques a fortement réduit la prévalence au sein de ce groupe) — font que l’expression «groupes à risques» prend un tout autre sens.
Contactée, l’IVS a proposé de modifier ce titre sur son site internet. Le journal papier continuera d’être diffusé, banalisant cette expression que nous pensions devenue désuète. Même si l’intention de l’IVS n’est pas de stigmatiser les homosexuels ou les migrantEs, l’effet est malheureusement le même. Nous demandons à ses responsables de faire preuve de plus de vigilance. Cette administration assure un lien entre les spécialistes et le grand public. Elle se doit donc d’utiliser des termes, comme «groupes exposés» ou «vulnérables», qui ne sont pas susceptibles de véhiculer préjugés et discriminations. Et si nous parlons de risques alors il faut mettre en avant ceux posés par des pratiques, non par des groupes.
Act Up-Paris exige que l’IVS revienne sur cette expression lourde de malentendus dans le prochain numéro de sa parution.