Dimanche 21 novembre 2005, à l’occasion du T-DOR (Trans’ Day Of Remembrance) des membres de l’interassociatif Existrans (ASB, Sans Contrefaçon, commission trans Act-Up Paris, Mutatis Mutandis, Trans-Act) ont déposé une gerbe en mémoire des victimes de la transphobie à l’hôpital Sainte-Anne.
«Interrompre un congrès de psy, c’est comme brûler des livres» avait lâché à des activistes trans’ un hiérarque de Sainte-Anne, comparant ni plus ni moins le zap sur le séminaire transphobe du vendredi 11 février 2005 à une action nazie. Parler de nazisme dans l’enceinte de Sainte Anne, c’est parler de corde dans la maison du pendu: qui ignore que pendant l’occupation nazie, la psychiatrie française — celle qui n’avait pas été épurée — se recommandait des thèses d’Alexis Carrel («L’homme, cet inconnu») qui préconisait l’élimination des «tarés», notamment les malades mentaux ? Sous le nazisme, un grand nombre d’aliénés, à Sainte-Anne et ailleurs, ont été sous-alimentés, beaucoup jusqu’à la mort.
Plus près de nous, il n’y a jamais eu d’enquête publique sur les traitements que faisaient subir certains psychiatres — pas tous — à leurs patients homosexuels quand l’homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale.
Aujourd’hui, à Sainte-Anne, comme le veut la psychiatrie officielle française, les trans’ sont mis au rang des malades mentaux. Et il n’y a jamais eu d’enquête sur les maltraitances envers les trans’ de certains psys et de leur absurde «protocole» envers les trans’.
Ces maltraitances doivent être graves, sinon ces psys ne refuseraient pas de dialoguer avec nous devant les médias, comme un minimum de démocratie le demande. Comment peut-on à Sainte-Anne publier dans des circulaires que «les usagers sont au centre de la pratique», et interdire aux trans’ de suivre un colloque qui les concerne? Comment peut-on à Sainte-Anne refuser à un psychologue clinicien trans’ de participer à une formation sur ce sujet réservée aux «étudiants en psychiatrie, en psychologie, aux psychiatres et aux psychologues» sous le prétexte qu’il est trans’! «Nous voulons rester entre nous» lui a t-on répondu !
Chaque fois que l’on donne à un être humain du pouvoir sur un autre il a tendance à en abuser. Que fait une femme-trans’ à qui Sainte-Anne refuse l’opération? Elle va chercher l’argent où elle peut pour se la payer à l’étranger. Le psy ici devient le rabatteur des proxénètes et le complice du sida. Quand la cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour l’obliger à octroyer des papiers féminins à une transsexuelle opérée depuis 16 ans, et à tous les trans’ opérés, un psy de Saint Anne, Marcel Czermak s’est fendu d’un article dans Libération («Quel sexe voulez-vous ?», 17 novembre 1993) protestant que c’était «une atteinte au nom du père»! Vous imaginez comment un tel larbin de la normalité reçoit ses patients dans son cabinet? De son côté, Colette Chilland demande à une jeune trans à peine entrée dans son cabinet «à quoi pensez-vous quand vous vous masturbez?»
Aujourd’hui nous déposons une gerbe à Sainte-Anne en souvenir de toutes et de tous les trans’ victimes de transphobie dans le monde [[trois sont assassinéEs chaque moi aux USA ; aucune statistique n’est disponible en France]], victimes de la violence privée comme de la violence sociale. La violence sociale institutionnalisée, la transphobie psychiatrique en est l’image la plus criante: c’est pour pourquoi nous sommes ici.
Pourquoi est-ce-nous que vous voulez soigner et pas ceux qui nous assassinent?
La transidentité n’est pas une maladie mentale.
Nous exigeons :
– la déclassification de la transidentité de la liste des pathologies mentale et l’application des standards de soins de la HBIGDA, ce qui inclus le libre choix de nos praticiens (psys, endocrinologues, chirurgiens…)
– une prise en charge des soins par les assurances maladies,
– le changement d’état civil avec ou sans opération génitale,
– l’adaptation de notre numéro de sécurité sociale à notre sexe social.