« Nous sommes maintenant dans l’ère post-sida, dans le sens où du fait de la baisse considérable du taux de contamination par rapport aux années 80 et l’arrivée des traitements puissants, nous sommes sortis de la phase de crise. »
A quoi sert l’organisation d’un congrès sur la santé communautaire ?
– A offrir un billet d’avion à Tony Valenzuela pour visiter Paris ?
– A vous faire participer à la légitimation d’un discours révisionniste sur le sida ?
Alors que tout indique que les contaminations ont dramatiquement repris dans notre communauté depuis la fin des années 90, comment peut-on parler d’une baisse du taux de contamination ? Tandis que de plus en plus de pédés sont séropositifs, comment conclure que le sida n’est plus une crise sanitaire chez les gays ? Faut-il à ce point être éloigné de la réalité de l’épidémie pour parler d’ère post-sida ?
Que signifie le fait que les pouvoirs publics aient financé une conférence fondée sur de telles contrevérités ?
L’idée de santé communautaire a accompagné toutes les étapes de l’histoire de la lutte contre le sida. La plupart des associations invitées aujourd’hui ont toutes été créées avant le milieu des années 90. Chacun s’accorde depuis plusieurs années à dire qu’il est nécessaire d’aborder l’ensemble des déterminants de la prise de risque et d’aborder de manière plus générale la santé des gays. Il ne s’agit donc pas un concept nouveau.
Nous ne doutons pas de l’intérêt de la présentation de plusieurs actions étrangères. Mais comment ne pas voir l’instrumentalisation de ces interventions pour légitimer un discours qui sous la dénomination de « nouveaux concepts et nouvelles approches » ne vise qu’à promouvoir le sérotriage ou d’autres approches de réduction des risques vers lesquelles s’oriente Warning aujourd’hui.
N’a-t-on pas assez de barebackeur à Paris pour qu’il soit nécessaire d’inviter celui qui a été la figure de proue du sexe à risque aux Etats-Unis ? Comment peut-on croire qu’il soit le seul à pouvoir parler des plaisirs des drogues ?
Ou s’agit-il peut-être que d’une triste provocation et de règlement de compte. Pour nous il est inacceptable de voir la lutte contre le sida instrumentalisée de la sorte à des fins personnelles.
A quelques jours du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, nous voudrions pouvoir faire front ensemble.