En moins de 10 jours, nous avons été contraints par deux fois de rappeler
à l’Agence france presse (AFP) qu’elle n’a pas fait sérieusement le travail
d’information auquel on pourrait s’attendre. Des militants bénévoles d’Act Up auront dû dépenser leur temps à corriger des erreurs diffusées par des
journalistes professionnels qui, par incompétence, paresse ou goût du
sensationnalisme, participent activement à la désinformation du public sur les questions liées au sida.
Dimanche 13 novembre. Tôt dans la matinée, une dépêche de l’AFP annonce la
guérison miraculeuse d’un séropositif écossais. L’ « info » vient de News of the World, tabloïd anglais particulièrement minable. France Inter la reprend dans la matinée, sans aucune précaution. Toute la journée, deux militants d’Act Up-Paris contactent
l’ensemble des rédactions pour éviter qu’une telle imbécillité ne soit plus diffusée. Certains médias, dont les deux fautifs, passent dans la journée l’ « info » avec nos
critiques : c’est mieux, mais cela signifie encore que la « guérison » reste une version, certes contestée, mais encore possible. Une semaine plus tard, une dépêche anglaise confirme qu’il s’agissait d’une mauvaise farce
Mardi 22 novembre. Selon l’AFP, un « toxicomane » séropositif a été condamné à 4 ans de prison, dont 3 fermes, « pour avoir voulu transmettre le virus du sida à un CRS en le mordant ». Selon une autre agence de presse, Reuters, il a été condamné :
« pour acquisition de produits stupéfiants, conduite sous l’effet de ces mêmes
substances et violences volontaires ayant entraîné une interruption temporaire de
travail inférieure à huit jours ». Rien à voir avec le VIH. Qu’est-ce qui peut pousser un journaliste à ainsi fausser un jugement ?
La dépêche se conclut par les propos de l’avocat du fonctionnaire de police. Ce
dernier « a peur d’embrasser ses enfants, ses proches ». L’absence de commentaire de l’AFP, peut faire croire que l’angoisse, irrationnelle, du CRS, exploitée par l’avocat, est fondée. Et les modes de transmission du sida, on en fait quoi ? Les journalistes qui commettent des bévues de ce genre ont-ils/elles conscience de l’impact
désastreux qu’elles ont sur les représentations de l’épidémie et des malades ?
N’ont-ils/elles aucun sens de leurs responsabilités ?
Incompétence, sensationnalisme ou paresse ? Sans doute un peu des trois. Nous ne pouvons nous y résigner. Les rédacteurs et rédactrices en chef de ces services
doivent comprendre qu’ils et elles ne peuvent plus laisser passer ces erreurs, elles
participent activement à la désinformation du public en matière de sida.