Dans l’hypothèse où la grippe « aviaire » se développerait en Afrique, les séropositifVEs dont le système immunitaire est déficient seraient parmi les premières victimes de cette épidémie. Dans ce contexte de risque important, la Commission européenne, soutenue par la France, freine sur la question des génériques.
D’un côté, l’Afrique qui connaît la plus haute prévalence à VIH dans le monde n’a pas de stock de Tamiflu et pourrait être touchée la première par l’épizootie aviaire (les oiseaux migrants du Nord au Sud). D’un autre, l’Europe qui, en vue de la conférence de l’OMC en décembre, s’oppose à la simplification de la procédure d’importation de génériques. Une politique française incohérenteLa France recommande un accès prioritaire au Tamiflu pour les malades du sida, mais renonce à son droit d’importer des génériques. Elle n’aurait pas besoin d’en user car elle serait en mesure d’en fabriquer assez. C’est mal connaître le secteur pharmaceutique : plus de la moitié des principes actifs utilisés dans la production européenne de médicaments est importée. L’Europe est incapable de produire rapidement du Tamiflu générique, il lui faudrait au moins 13 mois pour réussir à fabriquer l’Oseltamivir, principe actif du Tamiflu. La Chine et l’Inde qui en fabriquent déjà envisagent, elles, la distribution de Tamiflu générique d’ici à quelques mois. Un soutien aux laboratoires
L’objectif de l’Europe est de contraindre les pays pauvres à accepter une procédure d’importation des génériques inapplicable. L’accord temporaire signé à l’OMC en 2003 – qu’aucun pays n’a encore tenté d’utiliser – fait la risée des industriels tant il est complexe. La politique menée par la France et l’UE à l’OMC menace le plan lancé au dernier G8 pour permettre l’accès de touTEs les malades du sida à la trithérapie d’ici 2010.
Les médicaments les plus efficaces sont récents, brevetés et les laboratoires refusent de baisser les prix. La taxe sur les billets d’avion que les FrançaiSEs devraient payer l’an prochain, doit servir à acheter des médicaments anti-sida. Elle risque d’être dilapidée dans l’achat de quelques dizaines de milliers de trithérapies vendues 15 000 euros par an alors que la planète compte plus de 40 millions de séropositifVEs.