Nous aimons le sexe, nous nous protégeons et protégeons nos partenaires du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. La responsabilité ne s’oppose en rien à une sexualité épanouie, au contraire, un comportement safe la garantit.
Mais d’autres n’ont pas le même avis et trouvent surtout dans le bareback – la valorisation du sexe sans capote – un moyen de faire beaucoup d’argent. La vidéo porno est de ceux-là. Si la capote n’a jamais été largement utilisée dans le X hétéro, dans le porno gay, dès les années 80, acteurs, producteurs et diffuseurs ont fait de la prévention un enjeu essentiel de leurs films.
Mais, depuis 2000, bon nombre de producteurs de X gay tournent de plus en plus de films, où les acteurs ne se protègent pas, car le bareback est devenu vendeur.
C’est le cas de Jacky Fougeray, gérant du groupe Illico/Menstore, que nous avions interpellé cet été, ainsi que le groupe IEM, sur leur responsabilité en la matière. Jacky Fougeray nous répondait que les films bareback auraient un rôle d’exutoire, et empêcheraient les gens de passer à l’acte, il se disait prêt à organiser un grand débat communautaire, débat que nous attendons encore… Il y a pourtant urgence et l’enjeu est bien plus important et immédiat, c’est celui de la santé, de la vie des acteurs. Car vendre des films bareback, c’est vendre des films où potentiellement des personnes se contaminent : VIH, hépatites, syphilis et autres IST. Peu lui importe si des modèles, sous-payés, travaillant dans la précarité, recrutés majoritairement dans des pays où les droits sociaux et l’accès à la santé sont moindres, deviennent séropositifs.
Nous interpellons Jacky Fougeray et aussi les spectateurs : vous pouvez dire que d’autres diffuseurs porno sont pires, soyons clairs : nous portons les mêmes exigences auprès de chaque diffuseur de vidéos bareback, il n’en reste pas moins que Menstore continue de diffuser des vidéos bareback, avec des scènes de contaminations potentielles, et qu’il est de votre responsabilité que cela cesse.