A l’occasion de la sortie du livre de l’actrice Charlotte Valandrey, Closer titrait sur son « courageux aveu ». Serait-on donc « coupable » de séropositivité ? Y a-t-il une honte à la cacher ? Sinon, pourquoi parler d’ « aveu » ? Honte et déni se conjuguent pour faire reposer la protection de chacunE des partenaires sur la « confiance » et l’ « aveu », ce qui du point de vue de la prévention est absurde : nombre de contaminations se font alors que les partenaires ignorent leur séropositivité.
Après plus de 20 ans d’épidémie, où en est-on ? Les préjugés, l’ignorance et
la bêtise sont encore tels que nombre de femmes choisissent de se taire.
Mais qu’elle est la part de choix quand les conséquences peuvent être lourdes ? Rejet, discrimination, stigmatisation (au travail, à l’école, de la part de proches, d’amiEs, de la famille, et même du conjoint) suivent trop souvent la révélation de la séropositivité.
L’invisibilité de l’épidémie de sida prévaut dans la population hétérosexuelle et
la séropositivité y reste associée à des pratiques ou des groupes stigmatisés
(homosexuels, usagèrEs de drogues, migrantEs, prostituéEs …). Pourtant les
dernières données épidémiologiques (2004/2005) publiées par l’Institut Nationale de vielle sanitaire (InVS) indiquent que les femmes représentent 42 % des nouveaux diagnostics VIH. Presque toutes contaminées par rapports hétérosexuels.
Nous ne voulons plus de ces logiques de honte et de culpabilité. Dire ou non
sa séropositivité doit rester le choix de chacunE : il faut sortir du choix entre silence honteux et aveu obligatoire.
Il est temps que les femmes se rendent compte qu’elles ne sont pas seules.
Il est temps que nous nous regroupions et que nous fassions entendre publiquement notre voix, que la parole publique ne vienne pas seulement des témoignages intimes. Même si toute parole publique est un pas vers la visibilité des femmes séropos, il est temps qu’elle soit une parole collective ! A quand une grande manif des femmes séropos en France sortant dans la rue pour que cesse l’hypocrisie autour du sida ?