En 2005, Act Up-Paris a été mis en cause dans trois affaires judiciaires. Huit militantEs ont été condamnéEs. Ces poursuites mettent en péril l’avenir de nos modes d’action, des individus poursuivis et de l’association.
Le 30 novembre 2004, à la veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, huit militantEs interpellaient Jacques Chirac en zappant l’Élysée. L’intervention symbolique, non violente (du « faux sang » lavable à l’eau, des tracts, un die-in) se soldera par 24 heures de garde à vue et une comparution en février. Le tribunal a condamné les huit prévenuEs à 600 euros d’amende avec sursis, pour « dégradation légère », laissant supposer une simple contravention. Le jugement écrit, disponible plusieurs semaines après l’expiration du délai d’appel, est en réalité plus lourd : il associe la « dégradation » à un tag, aggravé par la circonstance « sur un bien classé ou inscrit ». Les faits sont délictuels, la condamnation est inscrite au casier judiciaire, les militantEs sont désormais des délinquantEs connuEs de la justice.
Le 5 juin, nous célébrions le mariage de deux femmes à Notre-Dame-de-Paris. La cérémonie s’est déroulée dans le calme, à une heure où il n’y avait pas de messe. En sortant, nous avons été violemment pris à partie par le service de sécurité de la cathédrale et Patrick Jacquin, le recteur, a prétendu que nous l’avions frappé. La plainte au pénal qu’il avait alors déposée, à été classée sans suite. Il a depuis assigné, au civil, 4 militantEs et l’association, pour « atteinte à la liberté de religion, à l’exercice du culte et à l’autorité d’un prêtre ».
Le 30 novembre 2005, à la veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, deux militantes et l’association, en tant que personne morale sont convoquées afin d’être mises en examen pour « violation de domicile » suite à notre action en avril 2003 contre l’éditeur du livre Serial Fucker, journal d’un barebacker d’Erik Rémès. Nous avions alors protesté en manifestant à l’intérieur de la maison d’édition.
La boucle est bouclée. Cette année a vu comme jamais la pénalisation de l’action militante, qui met gravement en péril notre combat, alors que nos modes d’action non violents ont plus d’une fois prouvé leur efficacité depuis 1989. Ces poursuites s’avèrent très coûteuses, elles menacent l’existence même de l’association et pèsent lourdement sur la vie des personnes engagées.