Quand les contaminations toucheraient entre 30 et 45 % des trans’, la catastrophe sanitaire est là. Nous devons nous mobiliser : la dernière Existrans’ a montré que c’était possible. Les médecins et les institutions doivent prendre en compte les ravages de l’épidémie et agir : c’est loin d’être le cas.
Le succès de l’édition 2005 de l’Existrans’ a prouvé que les trans’ étaient prêtEs à se mobiliser. La lutte contre le sida passant par leur reconnaissance en tant que communauté et leur dépsychiatrisation, elles et ils doivent maintenant se faire entendre. Act Up Paris a été la première association de lutte contre le sida à donner l’alerte sur le taux de contamination dans la communauté transgenre et transsexuelle. Cette année, la neuvième Existrans’ (initiée par L’ASB) – marche des trans’ et de celles et ceux qui les soutiennent – avait pour mot d’ordre « PsychiatriséEs, DiscriminéEs, ContaminéEs », ce qui fut une victoire : la communauté accepte enfin le lien entre ces trois termes. Et la marche fut un succès : 2 000 personnes selon les associations. Quand les contaminations touchent entre 30 et 45 %[[Ces estimations ont été respectivement établies par W. Bockting et S.Kirk, Transgenders and HIV et par l’association portugaise associação para o estudo e defesa do direito a identidade de género.]] de cette population aux États-Unis ou au Portugal, la communauté ne peut jouer à l’autruche. Nous demandons de connaître le taux de séroprévalence en France : le manque d’information fait le jeu du sida. Il faut donc que les pouvoirs publics et les médecins prennent le relais. Nous sommes prêtEs à aider celles et ceux qui voudront se charger d’une telle enquête. Pour l’instant, les médecins campent sur leurs positions. Les Cordier, Gallarda, Chilland et Cie, qui psychiatrisent les trans’ (comme les homos il y a trente ans), refusent de prendre en compte la donnée « transgenre » du problème. Bernard Cordier annonce qu’il y a « 500 » ou « 700 » trans en France (il ne donne pas toujours les mêmes chiffres), quand notre estimation – comprenant les transgenres qui vivent sous une identité sociale opposée à leur sexe biologique sans être passéEs par l’opération – est de 60 000. Comment faire de la prévention auprès d’une communauté qui n’est pas définie ? La maltraitance théorique aboutit à une catastrophe sanitaire. En octobre 2006 se déroulera la 10ème Existrans’. D’ici là, nos demandes devront aboutir : dépsychiatrisation de touTEs les trans’ pour ne plus être considéréEs comme des malades mentaux, mise en place d’études épidémiologiques sur les trans’ et le VIH et sur les interactions entre les traitements anti-VIH et les hormones, mise en place de campagnes de prévention ciblées vers la communauté, possibilité d’obtenir de la Sécurité sociale le changement des préfixes 1 et 2 du numéro d’affiliation, prise en compte par la HALDE des lourdes discriminations que l’État nous impose.