Dans le Parisien du 23 février, Ségolène Royal donne ses positions sur les
sujets de société, dont le mariage homo et la famille. Elle assure que, sur
tous ces sujets, «le débat aura lieu». C’est très généreux de sa part,
mais le débat a déjà eu lieu, y compris au sein du PS, qui s’est prononcé
sans condition, au congrès du Mans, pour l’égalité des droits en matière de
mariage et d’adoption. Pourquoi vouloir appeler à un nouveau débat sur le
sujet, si ce n’est pour revenir en arrière sur ce qui semblait être des
engagements assurés du PS ?
Ainsi, Ségolène Royal reconnaît-elle que «la loi doit pouvoir créer cette
union en mairie pour permettre à chacun de construire librement sa vie, à
égalité de droits et devoirs». Elle parle d’union plutôt que de mariage «pour ne pas bousculer les repères traditionnels, une famille, c’est un père
et une mère», réflexion que ne démentiraient pas une Christine Boutin ou un
Tony Anatrella.
Ségolène Royal se rend-elle compte de la violence que ses propos véhiculent
? Comment appelle-t-elle, s’il ne s’agit pas de «familles», les cellules
formées par des enfants et leurs parents quand ils ou elles sont de même
sexe — sans même parler des enfants élevéEs par un seul parent ? Pourquoi
refuser à ces réalités l’accès au statut de famille, aux droits et aux
devoirs qu’il implique ? Pourquoi inventer une nouvelle union en mairie pour
les homos, alors que l’accès au mariage seul peut assurer une égalité
véritable ? Ségolène Royal est-elle contre l’égalité «pour ne pas bousculer
les repères traditionnels» ?
Certains prétendront qu’il faut voir dans ses propos une ouverture de l’élue
socialiste. Mais il lui est difficile d’être plus conservatrice sur les
questions de mœurs qu’elle ne l’a été : elle s’est longuement opposée au
mariage homo ; elle a activement milité, en tant que membre du gouvernement
Jospin, pour que soient censurées des campagnes de prévention du VIH, par exemple à l’été 2001 , parce qu’elle les jugeait trop crues ; elle a
assimilé le port visible du string à un appel au viol. Dès lors, on ne peut
en rien se féliciter d’un tel «progrès» de la part d’une personne qui
s’affiche comme une alternative de gauche au pouvoir actuel.
Nous considérons que le message du PS est brouillé suite à ces propos
publics d’une élue, candidate potentielle à la présidentielle. Nous
demandons donc à la direction du PS de réaffirmer solennellement ses
positions sur le mariage et l’adoption pour les homosexuelLes, et assurer
que le ou la candidatE désignéE concrétisera rapidement les promesses faites
au Mans.
Nous demandons par ailleurs à Ségolène Royal de revenir sur ses propos ; et
si elle a besoin d’expertise, nous lui signalons que nous sommes à sa
disposition pour la lui fournir et lui expliquer ce qu’être de gauche veut
dire.