Le 9 décembre, lors d’une réunion des associations du TRT-5 avec les représentants de BMS France, nous prenions connaissance de l’essai AI 424-136 INDUMA, étude de phase IV en ouvert randomisé, évaluant l’efficacité d’une phase de maintenance contenant de l’atazanavir versus atazanavir + ritonavir, après une phase d’induction contenant atazanavir + ritonavir, chez des personnes vivant avec le VIH et naïves de traitement.
Fin décembre, le TRT-5 adressait un courrier à Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, et également coordinateur de l’étude INDUMA, ainsi qu’à la Direction générale de BMS, afin d’exprimer nos craintes quant à cet essai qui tel qu’il est envisagé, c’est-à-dire sans mesures des concentrations résiduelles d’atazanavir à la modification du traitement, pourrait entraîner un échappement virologique si ces concentrations résiduelles s’avéraient inférieures aux concentrations minimales efficaces.
Selon BMS, les investigateurs français avaient reçu la consigne de pratiquer ces dosages plasmatiques, les malades français échapperaient donc à cette prise de risque inutile.
Et les autres ?
Mais qu’en serait-il des participants hors hexagone ? Suite à notre courrier à BMS, le laboratoire nous faisait également savoir qu’une sous-étude* serait mise en place mais qu’elles ne concernerait que les malades français recrutés, soit à peine 25.
Cette étude ancillaire ajoutée au protocole INDUMA, sous notre pression n’aura qu’un intérêt rétrospectif, ne permettant pas, si cela s’avérait nécessaire, un réajustement des doses afin d’éviter un échappement virologique. Cette sous-étude consiste en des dosages plasmatiques supplémentaires précédant la mise sous maintenance. Ce n’est donc bien après un échappement constaté, que les données recueillies permettraient d’en attester la cause.
Ceci ne nous satisfait pas, cette étude ancillaire semble bien avoir été jointe au protocole sans autre but que de « nous faire plaisir »…
Inquiètudes
De plus, lors de la présentation à la CROI à Denver, des résultats intermédiaires de cet essai , nous avons pu noter 3 échecs dans le bras atazanavir/ritonavir versus 10 dans le bars atazanavir non boosté. Le plus inquiètant, mais non surprenant, c’est que ces derniers échecs virologiques s’accompagnent comme nous le craignions d’apparition de résistances sur l’atazanavir ainsi que sur le ritonavir.
Sachant que l’atazanavir a reçu son AMM en Europe à la condition d’être boosté par du ritonavir, le profil de l’essai INDUMA ne nous semble pas pertinent, et nous inquiète pour le devenir thérapeutique des participants.