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Le 1er mai prochain, dans plus de vingt villes d’Europe, le réseau Mayday organise une journée d’actions. Il s’agit de rendre visibles toutes les formes de précarité. Il s’agit aussi de rappeler, à une date traditionnellement consacrée à la fête des travailleurs, que les conditions de vie des précaires ne sauraient être améliorées par des politiques visant au seul plein emploi, qui négligent l’essentiel : faire valoir les droits à un revenu, à la santé, à un logement, à l’éducation, aux loisirs, à la paresse, à la circulation libre et au séjour, à l’égalité des droits quels que soient les sexes, les âges, les genres, les origines, les orientations sexuelles. 

Les militantEs d’Act Up-Paris participent à cette parade. Évidemment. Nous sommes des personnes séropositives, malades du sida. Nous connaissons la précarité.

Quand votre souci principal est de manger, de trouver un endroit stable où dormir, d’éviter un contrôle policier car vous n’avez pas de papiers; quand, faute d’argent, vous ne pouvez pas vous déplacer, suivre des études ou prendre du repos ; alors vous consacrez moins de temps à votre santé, vous prenez moins bien vos traitements, voire pas du tout, ou vous attendez qu’un problème grave survienne pour consulter le système de soins. Et ce, d’autant plus que la santé devient un luxe. La réforme de la sécurité sociale, l’augmentation du forfait hospitalier ou le démantèlement de l’Aide médicale d’État ont fait de la santé un privilège qu’il nous faut payer. La précarité vous expose donc plus aux risques d’aggravation de votre état de santé.

Mais l’inverse est aussi vrai : la maladie rend vos conditions de vie plus précaires. Le monde du travail est profondément hostile aux séropos : licenciement abusif, refus de temps partiel thérapeutique, arrêts-maladie remis en cause. De l’autre côté, les bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) se voient contraintEs de retourner au travail, parce que les administrations estiment qu’ils peuvent travailler malgré leur état de santé. Sans compter que la récente réforme de l’AAH, tend à insécuriser encore plus ses allocataires, tant le système d’attribution et de calcul de la nouvelle prestation est complexe et difficilement compréhensible.

Les malades sont donc malvenuEs à la fois dans le monde de l’emploi -où on nous estime inaptes- mais aussi dans celui des minima sociaux -où on veut nous voir travailler. De même, les propriétaires de logement, y compris sociaux, les banquiers, les assureurs, entre autres, n’aiment pas trop ce que nous sommes, des personnes atteintes d’une pathologie grave et évolutive : leurs pratiques visent toujours plus à nous exclure et contribuent ainsi, à la précarisation de nos vies. Qui, dans cette histoire, tient compte de nos désirs, de nos envies ou de nos besoins ?

Nous sommes les plus à mêmes de parler de nous. Nous ne supportons plus que l’on parle de la précarité sans les précaires, sans savoir qui nous sommes. Nous participerons à la Parade du Mayday en tant que précaires, fiÈrEs de ce que nous sommes et fiÈrEs de nous battre pour améliorer nos droits.

La précarité, jamais, ne nous empêchera d’être les plus belles.

– RDV M° Blanche – Lundi 1er mai – 18 heures

+ d’infos sur le site du mayday : www.maydayfr.org