Demain vendredi 2 juin, le Ministre des Affaires Etrangères Philippe Douste-Blazy se rend à New York pour présenter les avancées des travaux de la Facilité Internationale d’Achat de Médicaments (FIAM), initiative lancée par la France et censée recevoir le produit de la toute prochaine taxe sur les billets d’avion.
La France et les trois autres pays supposés mettre en place cette taxe dans les prochains mois, le Brésil, la Norvège et le Chili, se sont entendu sur les grandes orientations données à la FIAM, dans un texte mis en ligne le 26 mai sur le site www.solidarite-mondialisation.org.
Act Up-Paris se réjouit du lancement de cette initiative. En effet, elle constituera la première initiative gouvernementale visant à assurer la baisse des prix des médicaments et autres produits essentiels contre le sida. Elle permettra aussi de rapprocher quelque peu le montant de la contribution française à la lutte contre le sida de la part minimale de la France dans l’effort mondial. Act Up-Paris souhaite néanmoins attirer l’attention sur trois aspects potentiellement dangereux des orientations choisies.
– Tout d’abord, les catégories de produits sur lesquels la FIAM entend se concentrer financièrement semblent parfois absurdes. Ainsi, figurent au deuxième rang des catégories les traitements contre la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME). Or, ces médicaments sont en général déjà donnés gratuitement par les laboratoires qui les fabriquent, du moment qu’il s’agit de PTME. Parallèlement, les produits dont le prix bloque le plus la généralisation de l’accès au traitement, comme par exemple les réactifs de test biologiques VIH, ne figurent pas parmi les produits finançables par la FIAM, faute de ne pas être des « médicaments ».
– Ensuite, la FIAM se propose de fonder son action sur les prix lors d’achats groupés. Or, les achats groupés au niveau international sont en général un échec car la coordination internationale des achats ralentit et rigidifie tellement le mécanisme que les ruptures de stock deviennent communes. Il existe pourtant d’autres modèles, plus souples, qui permettent d’atteindre des résultats exceptionnels, comme par exemple les négociations ex-ante sur les prix.
– Enfin, la FIAM envisage de mettre en place un énième système de demande de financement et de reporting, en plus des dizaines de systèmes que les pays récipiendaires de l’aide extérieure ont déjà à gérer (PEPFAR, Fonds Mondial, DFID, Banque Mondiale, etc.). Or, en matière d’approvisionnement en médicaments, toute lourdeur et toute rigidité des systèmes génèrent un risque de rupture de stock, avec toutes les conséquences que l’on sait en matière de mortalité et de résistance.
Act Up-Paris appelle la France à ce que la FIAM sélectionne les produits qu’elle finance en se fondant sur des données scientifiques plutôt que sur des estimations ; à faire le choix des négociations ex-ante sur les prix plutôt que les achats groupés au niveau mondial ; et à s’engager à tout mettre en oeuvre pour assurer un accès le plus simple et léger possible pour les pays pauvres, établi sur des critères transparents et automatiques plutôt que sur des analyses discrétionnaires de demandes de soutien formalisées.