La FIAM/UNITAID est une Facilité Internationale d’Achats de Médicaments. Act Up-Paris se réjouit d’une telle initiative mais fait une mise en garde sur 3 points importants.
1- Les catégories de produits sur lesquels la FIAM entend se concentrer financièrement semblent parfois absurdes. Ainsi, figurent au deuxième rang des catégories les traitements contre la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Or, les associations de femmes des pays en développement expliquent depuis des années que ce qui limite le succès des programmes PMTE, ce n’est pas le coût lié aux médicaments (le traitement dure un mois au maximum, et est généralement délivré gratuitement), mais la violente discrimination perpétrée à l’encontre des femmes en général, et des femmes séropositives en particulier. C’est cette violence qui prive les femmes découvrant leur séropositivité à l’occasion d’une grossesse des moyens d’aller dans les programmes de PMTE. Or, quasiment aucun financement international n’est disponible pour lutter contre les discriminations sexistes et sérophobes dans les pays en développement. La France, par exemple, choisit de se concentrer sur l’achat de médicaments. Act Up-Paris exige que la FIAM sélectionne les produits qu’elle finance en se fondant sur des données scientifiques plutôt que sur des estimations.
2- La FIAM se propose de fonder son action sur les prix des achats de gros, grâce à la technique dite du «groupement international des commandes». Or le groupement international des commandes est connu pour ne pas fonctionner. Il est impossible de coordonner les achats en médicaments émanant de 5 000 programmes différents dans plus de 100 pays. Résultat, l’approvisionnement en médicaments au niveau de chaque hôpital s’en trouve considérablement ralenti et rigidifié, et les ruptures de stock se multiplient, entraînant résistance virale et surmortalité. Pourtant, il existe d’autres techniques, bien plus souples que le groupement mondial des commandes, qui permettent d’atteindre de bons résultats sur les prix. Ainsi, négocier les prix à l’avance sur la base de simples estimations, approximatives, du volume des futures commandes, a déjà permis de baisser les prix des antirétroviraux génériques de près de 50 %. Act Up-Paris exige que la baisse des prix soit assurée par des négociations à l’avance sur les prix, plutôt que le groupement mondial des commandes.
3- La FIAM envisage d’imposer aux pays bénéficiaires son propre système de financement et de rendu de compte. Alors qu’ils ont déjà à gérer des dizaines de systèmes parallèles (PEPFAR, Fonds Mondial, DFID, Banque Mondiale, etc.), ces pays croulent sous le poids administratif de toutes ces exigences redondantes. L’idée que la FIAM vienne rajouter à cette escalade administrative est d’autant plus choquante que les pays promoteurs de la FIAM se sont engagés il y a un an à peine à coordonner leurs systèmes. Un simple jeu de critères automatiques serait plus simple à appliquer par opposition à la pratique courante de dépôt d’un dossier de demande de financement. Act Up-Paris exige que les pays récipiendaires bénéficient des conditions administratives d’accès les plus simples et légères possibles.