Il faudrait que non seulement les pénétrations anales et vaginales soient protégées, que les éjaculations buccales n’aient plus cours, tant dans le porno gay que dans le porno hétéro (où elles sont légions), mais aussi que la fellation soit pratiquée avec préservatif.
D’après le rapport 2003 de l’Agence de santé publique du Canada, la probabilité de transmission du VIH lors d’une fellation passive non-protégée entre hommes, avec éjaculation, est de 0,04 %, ce qui est, reconnaissons-le, une probabilité faible. Pour autant, chaque situation est particulière et le contexte de l’actorat peut créer des situations à risque comme en témoigne Karim, acteur porno : « dans une scène bi, la partenaire féminine, prise dans le rôle de domination qu’on lui demandait, a si violemment agité ma tête sur le sexe du garçon que j’ai fini par me retrouver avec un peu de sang dans la bouche, ayant très légèrement, et par inadvertance, fini par écorcher le sexe du partenaire masculin ». Or l’acteur actif dans la fellation a très bien pu, deux jours avant, pratiquer une sodomie non-protégée dans un établissement de consommation sexuelle avec un partenaire faisant partie des 15 à 20 % d’homosexuels séropositifs en France.
Le problème qui se pose est également celui de la suppression à la source des risques professionnels évitables. Le risque de 0,04 %, augmenté dans un contexte de surenchère du hard (ce que montre le témoignage précédent), est un risque réel pour les actrices et les acteurs, et évitable par le port du préservatif. En la matière, l’employeur a une obligation de résultat, comme le stipule la Convention du Bureau International du Travail de 1974, ratifiée par la France en 1994, ainsi que la directive européenne 89/391/EEC, transcrite en droit français par décret en 2002. Il s’agit d’une question de droit du travail et l’on ne voit pas pourquoi l’industrie du porno serait au-dessus des lois.