Ce contenu a 18 ans. Merci de lire cette page en gardant son âge et son contexte en tête.

Pour que soit respecté le droit à la santé des actrices et des acteurs, l’idée d’imposer une visite médicale obligatoire semble particulièrement pertinente, si bien-sûr les impératifs élémentaires de prévention sont pris en considération lors de ces visites.

En effet, les intermittentEs du spectacle que sont les acteurRICEs pornos sont salariéEs en contrat à durée déterminée et, de fait, devraient être soumisES à une visite annuelle auprès de la médecine du travail. Les producteurRICEs/employeurSEs devraient donc, soit faire passer la visite sous leur contrat, soit s’assurer que les salariéEs l’ont passée peu avant (dans les 6 mois) chez unE autre employeurSE. Or, si l’employéE déclare travailler dans la pornographie au médecin du travail, celui-ci doit alors noter sur la fiche de visite la mention « Apte avec port du préservatif » et dès lors, si les producteurRICEs imposent le non-port du préservatif comme condition de tournage, ils se placent dans une situation très dangereuse. En cas de contamination et en raison de la visite médicale, l’acteurRICE contaminéE peut les poursuivre devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale et devant le Conseil des Prud’hommes (jurisprudence récente qui l’autorise), soit deux indemnisations à payer, qui s’ajoutent à l’indemnité de licenciement pour inaptitude. De quoi réfléchir à deux fois pour les productions avant de lorgner vers le bareback.

Outre le droit à la protection de leur santé et à la non-discrimination en fonction du statut sérologique, les acteurRICEs de la pornographie sont des intermittentEs du spectacle comme les autres et doivent bénéficier, de fait, des mêmes droits.
D’un point de vue administratif, il s’agit de signer un contrat de travail à durée déterminée en deux exemplaires, dont un leur est remis, de recevoir un certificat de travail, une attestation Assédic et le feuillet bleu (chèque) des Congés Spectacles, qui leur ouvre le droit à la perception d’une indemnité qui vient pallier le caractère aléatoire et ponctuel des tournages. De plus, l’employeurSE assujettiE au régime de la Caisse des Congés Spectacles est « tenu de procéder à l’immatriculation du salarié qui n’y est pas encore inscrit », sachant que sont tenuEs d’adhérer à la Caisse « tous les entrepreneurs de spectacles, les sociétés de production cinématographique, de production et de communication audiovisuelles, qu’ils et elles exercent leur activité à titre principal ou accessoire et quelle que soit leur forme juridique » (Les Congés Spectacles, notice d’Information des Intermittents, juillet 2004). Les producteurRICEs pornos sont donc pleinement concernéEs par ce règlement. Pourtant, rares sont celles et ceux qui inscrivent les nouveauxELLES arrivantEs. Ceci alors que la rotation des acteurRICEs est importante, surtout dans les productions européennes qui, contrairement à leurs homologues américaines, privilégient les nouvelles têtes plutôt que le « star system ». De fait, nombreuSESx sont les acteurRICEs à ne tourner qu’une ou deux fois et à connaître leur première expérience cinématographique avec le porno et donc probablement à ne pas avoir été immatriculéEs. Globalement, le paiement au noir avec signature d’un contrat pour toute formalité est fréquent.

Précisons toutefois que cette pratique est surtout répandue lors des tournages de « gonzos » (films à petits budgets), diffusés sur Internet ou le câble sous forme de scénettes improbables, et bien moins dans les productions de DVD et les longs métrages pornos hétéros. Encore faut-il aussi que les actrices et les acteurs connaissent un minimum leurs droits ou disposent d’unE bonNE agentE, ce qui n’est hélas pas forcément le cas.

En France, les productions de gonzos sont des PME qui ont bien souvent des difficultés à joindre les deux bouts. Créer un site pornographique est souvent le miroir aux alouettes de bénéfices faciles pour des apprentiEs-entrepreneurSEs, ou une simple tentative d’échapper à une situation socio-économique misérable, notamment dans le cadre de la pornographie amateur. Mais les revenus restent faibles car l’offre est pléthorique et le marché français étroit ; l’échange gratuit de fichier accentue également les difficultés. La démocratisation de la pornographie gay dans l’hexagone s’est opérée il y a une dizaine d’années. Avant, un monopole était tenu par un certain Jean-Daniel Cadinot, qui demeure une référence. Ce boom du porno gay s’est traduit par une multiplication des productions qui ont resserré les marges bénéficiaires. Concrètement, un site Internet porno gay, par exemple, nouvellement créé, rapporte difficilement plus de 1 000 euros par mois. Si un acteur est payé 100 euros en étant déclaré, il revient à la production à quasiment 200 euros. On voit qu’au bout de deux scènes, l’une tournée avec deux acteurs, l’autre avec trois, le chiffre d’affaire sert à payer uniquement leur salaire. Le producteur n’est pas rémunéré sur le mois et doit payer de sa poche l’hébergement du site et les éventuels décors. La solution pour la production consiste donc souvent à ne pas déclarer les acteurs ou à ne déclarer qu’une partie de leur cachet (45 euros en général).

Ceux qui s’en sortent sur la toile ont des sites très étoffés à multiples rubriques et une grande offre de vidéos en stock, ou alors ce sont des sites sur un créneau porteur et très spécialisé (par exemple Cité Beur), ou ceux de stars de grandes productions qui ont créé leur site et fidélisent leurs clientEs-admirateurRICEs.