Aujourd’hui débute en France le prélèvement de plusieurs euros par billet d’avion acheté. Les sommes collectées serviront à acheter des médicaments pour soigner les malades du sida, de la tuberculose et du paludisme dans des pays pauvres. Cette initiative s’est fait connaître sous le nom de marque «UNITAID». Ce matin, des militants d’Act Up-Paris se sont rendus au Terminal 2E de l’aéroport de Roissy pour interpeller les voyageurs sur l’utilisation qui sera faite de ces fonds et leur distribuer des autocollants enjoignant la France de préférer les génériques pour pouvoir traiter un plus grand nombre de malades.
Act Up-Paris appelle Philippe Douste-Blazy à s’engager fermement en faveur de l’utilisation la plus efficace possible de la taxe sur les billets d’avion : celle consistant à acheter les médicaments les moins chers, qui permettent de soigner le plus grand nombre de malades : les médicaments génériques. Et donc à faire jouer le système des licences obligatoires qui permettent de contourner les brevets des laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Aujourd’hui, les règles du commerce international autorisent la levée des monopoles mais la réalité des pressions américaines interdit leur mise en oeuvre effective par les pays du Sud. Les antirétroviraux génériques peuvent être jusqu’à 90% moins chers que leur équivalent chez les médicaments de marque (appelés aussi «médicaments princeps»). Grâce à la concurrence qu’ils exercent, les génériques permettent non seulement d’obtenir des prix bas à un moment donné, mais surtout d’initier une baisse durable des prix, qui se prolonge pendant plusieurs années, et finit par atteindre des niveaux à portée des pays pauvres. Lors de la conférence de presse de lancement d’UNITAID le 7 juin 2006, une question sur les médicaments génériques fut posée à Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires Etrangères. Celui-ci répondit que les laboratoires génériques seraient impliqués dans un second temps, après avoir tenté d’obtenir des prix intéressants de la part des laboratoires de marque. Ce n’est pas une approche à même de garantir les prix les plus bas possibles : dans tous les cas, seule une concurrence accrue assurera une baisse durable du coût des traitements. Act Up-Paris appelle Philippe Douste-Blazy à s’engager fermement en faveur d’un recours systématique d’UNITAID aux médicaments génériques et, chaque fois que cela sera nécessaire, aux licences obligatoires.