En septembre Act Up-Toulouse alertait les médias des risques que la municipalité fait courir en matière de santé publique. Les moyens donnés au seul CDAG de Toulouse sont évalués à la baisse, alors qu’en France 47 % de personnes découvrent leur séropositivité au stade sida.
« Le dépistage est une pièce maîtresse du programme de lutte contre le VIH/sida et les IST pour la période 2005-2008. En effet, la prise en charge précoce est l’un des déterminants majeurs d’une meilleure qualité de vie et espérance de vie. La consultation de dépistage (prescription du test ou rendu des résultats) est également un moment propice pour aborder la vie affective et sexuelle de la personne, quel que soit le résultat de son test, pour faire le point sur ses pratiques et discuter des moyens de prévention (IST, VIH, grossesses non désirées). L’accessibilité des lieux de dépistage et la formation des professionnels de santé ainsi que, dans certains cas, l’anonymat et la gratuité sont déterminants pour optimiser le dispositif de dépistage ». (Extrait du Rapport 2006 sur la prise en charge des personnes infectées par le VIH ; recommandations du groupe d’experts sous la direction du Pr Yeni.)
Ces recommandations ne semblent pas avoir été prises en compte à Toulouse, par Daniel Moinard, directeur général du CHU, et Françoise de Veyrinas, conseillère municipale et présidente du Conseil d’administration du CHU. Si on peut s’étonner du fait que la 4ème ville de France, recensant plus de 426 700 habitants, ne dénombre qu’un seul et unique CDAG, on ne peut que dénoncer la suspension des consultations du mardi soir et du samedi matin depuis le début de l’année 2006. La mairie de Toulouse continue pourtant d’informer les toulousains que ces visites sont toujours possibles sur rendez-vous.
Par ailleurs, pour répondre aux besoins croissants de la population locale, les instances médicales ont établi qu’il fallait quatre médecins pour assurer le bon fonctionnement du CDAG. Or, depuis le 1er juillet 2006, le CDAG ne fonctionne qu’avec deux médecins et seulement trois infirmières au lieu des quatre prévues initialement. Ce manque de personnel a entraîné la fermeture du CDAG de la 4ème ville de France sur la période du 4 au 16 août.
C’est l’hôpital La Grave, seul hôpital public de proximité, situé au centre ville de Toulouse qui héberge le CDAG. Le personnel hospitalier, ainsi que les usagers y sont à l’étroit : seules deux salles de consultation sont disponibles pour ce service qui effectue une centaine de consultations journalières et qui doit refuser du monde! Mais à Toulouse, les préoccupations spéculatives semblent prendre le pas sur la politique de santé. La promesse de Daniel Moinard de déménager le CDAG dans un autre bâtiment du site (plus de la moitié de La Grave est inoccupée) s’est envolée depuis que ce dernier, avec la mairie de Toulouse, a décidé de vendre une partie de La Grave afin d’y faire un hôtel de luxe.
Les conséquences de cette gestion posent des problèmes quotidiens, tant au personnel hospitalier qu’aux usagers : réductions des horaires d’ouverture, conditions de travail inacceptables du personnel (locaux trop petits, manque de médecins et d’infirmières, délais d’attente trop longs, relations rendues difficiles entre médecins et usagers, etc.).
A retenir
Pour que le CDAG de l’hôpital La Grave puisse remplir ses fonctions il est nécessaire de rétablir les consultations du mardi soir et du samedi matin et que le déménagement du service actuel ait lieu dans de nouveaux locaux du site de La Grave, permettant aux personnels de travailler dans des conditions « normales ». Seul l’embauche de médecins et d’infirmières pourra permettre d’apporter un accueil de qualité.