Une quinzaine de militantEs d’Act Up-Paris ont organisé un zap phone fax début novembre contre le siège de l’UMP pour dénoncer le projet de circulaire du ministère de l’Intérieur rendu public la veille par Les Echos : dernière tentative en date de Nicolas Sarkozy pour organiser l’expulsion de malades étrangèrEs au mépris de la loi.
Depuis mai 1997, les malades et associations de lutte contre le sida ont obtenu que cessent les expulsions d’étrangèrEs atteintEs de pathologies graves dans des pays où ils et elles n’auraient pas accès aux soins et aux traitements. En 2005, 18 572 malades ont bénéficié sur ce motif d’une carte de séjour d’un an (renouvellement compris), au prix d’un combat quotidien avec l’Administration.
Depuis décembre 2002, Nicolas Sarkozy tente par tous les moyens de mettre un terme à cette protection : par voie de circulaires (décembre 2002 et janvier 2003), lors de ses deux lois contre l’immigration (novembre 2003 et juillet 2006), par intimidation des médecins en charge de la procédure, etc.
Jusqu’alors la mobilisation des malades, des associations, des médecins et de la société civile, l’a systématiquement forcé à reculer ; même si, en pratique, sa politique a laissé d’indéniables traces et, que ce droit est régulièrement bafoué par des préfectures répondant aux objectifs chiffrés du ministre de l’Intérieur.
Il semble que Nicolas Sarkozy ait fait du démantèlement du droit au séjour des malades une affaire personnelle. Ce qui permettrait de comprendre que son dernier projet de circulaire se distingue par une absurdité et une dangerosité outrancières :
– Alors que la loi protège les étrangèrEs gravement malades ne « pouvant effectivement bénéficier d’un traitement approprié dans leur pays d’origine », il prétend pouvoir lever cette protection par voie de circulaire dès lors qu’un traitement existe dans le pays d’origine. Quel qu’en soit le coût. Quelles qu’en soient les quantités. Quelles qu’en soient les conditions d’accès.
– De plus, pour empêcher toute résistance de la part des médecins en charge de la procédure, il entend instaurer la violation organisée du secret médical, en transférant une part de l’évaluation des critères médicaux aux préfetEs qui lui sont hiérarchiquement subordonnéEs.
Nicolas Sarkozy est définitivement en rupture totale avec la réalité. Mais quelle que soit l’absurdité d’un tel projet, s’il était appliqué, ce sont 18 572 malades qui se trouveraient en danger de mort.