« Que ceux qui me contestent et qui diffusent ce papier particulièrement infect [notre tract], réfléchissent sur leur propre liberté et leur propre capacité à écouter les autres. Moi je ne suis pas le maire des sectaires de Paris, je suis le maire de tous les Parisiens, de toutes les convictions. »
Bertrand Delanoë, Maire socialiste de Paris, le 3 septembre 2006, sur France 3.
Monsieur le Maire,
A la dernière conférence mondiale de lutte contre le sida, cet été, à Toronto, toutes les voix étaient unanimes pour dénoncer la politique américaine, de plus en plus prégnante, qui applique strictement les dogmes religieux énoncés par le Pape, et rend impossible toute politique de prévention et de promotion du préservatif dans de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Europe de l’Est. Les acquis de la prévention sont balayés, et aucune personne publique, à commencer par vous, ne semble s’en préoccuper. Les combats que nous menons ne sont ni idéologiques ni politiciens, nous parlons de la vie et de la mort de millions de personnes.
Vous avez pris la décision de faire baptiser le parvis de Notre-Dame « Place Jean-Paul II ». Vous avez encouragé l’adoption d’un vœu exprimé par un élu de la droite extrême, ouvertement homophobe, en vous alliant à l’UDF et à l’UMP, contre la majorité municipale. Entouré publiquement de prêtres, vous avez organisé une cérémonie soi-disant « laïque » qui s’est terminée, au son du bourdon de la cathédrale, par une messe.
Des représentantEs de la préfecture ont appelé des militantEs d’Act Up-Paris à leur domicile privé, parfois même des membres de leur famille, pour leur soutirer des informations sur le rassemblement de protestation. Les forces de l’ordre ont procédé, le dimanche 3 septembre, à des arrestations de militantEs ; certainEs n’ont été libéréEs que très tardivement. On nous a confisqué du matériel (banderole « Trahison socialiste », pancartes). Et vous, Maire de Paris, socialiste, nous traitez de « sectaires » sans répondre sur le fond à nos arguments.
L’Opus Dei est une secte, soutenue par Jean-Paul II qui en a béatifié le fondateur, un proche de Franco. Tant que l’influence de l’Eglise catholique n’était pas remise en cause, ce pape a soutenu toutes les dictatures, notamment en Amérique du Sud et en Afrique. Vous avez publiquement évoqué le rôle de Jean-Paul II dans la démocratisation des pays de l’Europe de l’Est. Soit. Quel est votre jugement, aujourd’hui, sur le rôle de l’Eglise catholique dans ces mêmes pays qu’elle prétend avoir libérés ? La Pologne et l’avortement ? La Pologne et l’homosexualité ?
Jean-Paul II aurait eu le « courage » de faire « repentance » pour tous les crimes dont s’est rendue complice l’Eglise catholique pendant la domination nazie sur l’Europe : déportation et extermination des juifVEs, tziganes, homosexuelLEs, communistes, prostituéEs, handicapéEs, etc. Comment cette simple reconnaissance, inéluctable 50 ans après, d’un fait historique, pourrait-elle être assimilée à du « courage » ?