L’avenir de l’hôpital La Grave et les décisions le concernant seront certainement prises d’ici la fin de l’année. Le comité de pilotage créé dans ce but s’est réunit pour la deuxième fois le 9 octobre dernier. Malgré sa volonté d’y amener son expertise, Act Up-Toulouse en a été exclu.
La volonté de la direction du CHU de faire disparaître toute activité du site de La Grave, soutenue dans son action par l’actuelle municipalité (cf les propos de l’actuel maire Jean-Luc Moudenc dans Métro du 12 juillet 2006) nous interpelle sur leurs réelles compétences à maintenir au centre ville une politique de santé publique cohérente qui soit prise en charge par l’hôpital public.
Après l’épisode des maternités des hôpitaux publics du centre ville (agrandissement en urgence de la capacité d’accueil de la maternité de Joseph Ducuing afin de pallier le manque de lits dans les services publics du centre ville provoqué par le déménagement de la maternité de La Grave vers l’hôpital Paule de Viguier, situé en périphérie), nous avons peur que la même politique incohérente ne soit appliquée concernant la prise en charge des séropositifVEs. Politique de santé qui prend une fois de plus les malades en otage et impose au personnel soignant des conditions de travail inacceptables.
Le rapport Ségura (demandé par l’ancien ministre de la Santé M. Douste-Blazy en février 2005) prévoit de déménager le service de dermatologie de l’hôpital La Grave sur le site de Purpan (dans le service de suivi des séropositifVEs). Décision autoritaire prise sans tenir compte des demandes des associations et des 300 séropositifVEs qui y sont actuellement suiviEs.
Nous savons que le service des maladies infectieuses et tropicales de Purpan, un des plus importants de France, propose une prise en charge globale de qualité des séropositifVEs. Compétences reconnues par les malades de toute la région Midi-Pyrénées qui viennent s’y faire suivre et augmentent la file active déjà bien « chargée », pour ne pas dire saturée. Le déménagement des 300 malades de La Grave vers Purpan va entraîner une augmentation de cette file active que le service des maladies infectieuses et tropicales n’est pas en mesure d’intégrer sans en modifier le bon fonctionnement : délais d’attente qui augmenteront, temps de consultation qui risque de diminuer au détriment de la qualité du suivi jusqu’ici proposé, influence négative sur le rapport soignéE/soignantE. De plus, la situation géographique de l’hôpital Purpan (situé en périphérie de Toulouse) et son image de « grand centre » sont les revers de la médaille « de bon élève ».
A l’inverse, les séropositifVEs prisES en charge à l’hôpital La Grave retrouvent dans cet établissement, outre sa proximité géographique, une approche « plus familiale » due en grande partie à une file active moins importante qui permet ce type de suivi. Suivi qui nécessite quand même quelques modifications pour en améliorer la qualité : en priorité, déménager le service vers un autre bâtiment de La Grave (le suivi actuel se passe au sous-sol du bâtiment qui accueille le centre de dépistage anonyme et gratuit ou CDAG) et mettre en place des consultations d’observance pour une vraie prise en charge globale. De plus, la dermatologie et la prise en charge des séropositifVEs à l’hôpital La Grave sont associés à d’autres activités : la permanence d’accès aux soins de santé (PASS), le CDAG, le centre d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles, la consultation du CCPS (transculturelle) et le point santé. Les séparer reviendrait à fragiliser la cohérence de l’ensemble. Au contraire, toutes ces activités doivent être maintenues sur l’hôpital La Grave, mais dans des locaux adaptés en élargissant leurs compétences.