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Le rapport de l’ONUSIDA 2006 est, comme chaque année, plus macabre que le précédent. Il dresse d’abord un constat épidémiologique accablant mais il faut surtout y voir un atlas des graves manquements de la communauté internationale. Manquements dans le financement du Fonds Mondial, manquements dans le développement des traitements génériques, manquements en termes de soutien aux stratégies de prévention et notamment à la réduction des risques liés à l’usage de drogue.

Ce que dit le rapport :

– 39,5 millions : toujours plus de personnes touchées par le VIH

– 4,3 millons : toujours plus de contaminations

– 2,9 millions : toujours plus de mortEs

Ce que ne dit pas le rapport :

– Toujours plus de personnes sans accès aux traitements alors qu’elles en auraient besoin (5,2 millions de personnes contre 5,1 en 2004)

– Un écart toujours plus grand entre les besoins financiers et les fonds alloués : 8,1 milliards $ en 2007 contre 4 milliards en 2004

Ce que dit mal le rapport :

Quand une dépêche d’une grande agence titre : « Sida en Asie : cocktail mortel entre sexe tarifé et drogues », c’est que l’ONUSIDA fait mal son travail. Le sida n’est transmis ni par la rétribution d’un acte sexuel, ni par aucune drogue. Il fallait bien sûr lire :

– Toujours plus de contaminations imputables à la guerre à la drogue : une part croissante (30% en dehors de l’Afrique) des nouvelles contaminations est liée à l’injection dans des pays qui ont refusé de mettre en place l’échange de seringues et les traitements de substitution pour des raisons idéologiques

– Toujours plus de contaminations imputables à la stigmatisation et à l’exclusion des travailleurSEs du sexe ainsi privéEs d’accès à la prévention

Ce rapport fait état de satisfactions et celles-ci n’illustrent pas seulement le fait que l’ONUSIDA a parfois besoin d’air dans cette noirceur généralisée. Ces satisfactions locales, quand on constate par exemple que la course de la maladie ralentit dans tel ou tel pays d’Afrique, illustrent le fait que le sida n’est PAS une fatalité, qu’il est possible, quand gouvernements et organismes internationaux s’en donnent les moyens, de freiner sa progression et ce, quelle que soit la région du monde.

Act Up-Paris exige que les candidatEs à l’élection présidentielle prennent des engagements précis pour lutter contre ce fléau sanitaire sans précédent.