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Le 27 novembre 2006, l’InVS (l’Institut national de Veille Sanitaire) vient de rendre public les données de la Déclaration Obligatoire de Séropositivité (DOS). Le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité en 2005 (6 700) est équivalent à celui de l’année précédente et montre que l’épidémie de sida se maintient, en France, à un niveau anormalement élevé. Il n’y a jamais eu autant de personnes vivant avec le VIH/sida qu’aujourd’hui. Mais c’est chez les gays que ces nouvelles données sont les plus alarmantes.

Malgré ce constat alarmant, les données de la DOS font apparaître une baisse relative des nouveaux diagnostics chez les femmes issues d’Afrique subsaharienne, qui montre que le travail de terrain mené par les associations et les campagnes de dépistage ont eu une certaine efficacité. Cette action a pourtant été largement entravée par les attaques répétées du gouvernement à l’encontre de l’accès aux soins des étrangerEs. Les dépistages tardifs restent d’ailleurs importants dans cette population (55% des personnes diagnostiquées au stade sida découvrent à cette occasion leur séropositivité). L’importance des infections par des sous-types B, presque absents en Afrique subsaharienne, montre qu’un grande nombre d’étrangerEs se contaminent en France. Contrairement à ce que veulent faire croire les démagogues, il ne s’agit donc pas d’une « épidémie importée » et il y a donc urgence à faciliter l’accès aux soins des étrangerEs pour favoriser la prévention.

L’épidémie de sida en France est aujourd’hui majoritairement une épidémie hétérosexuelle (64% des nouveaux diagnostics). Près d’une personne contaminée sur deux est une femme. Cette situation exige donc un renforcement des campagnes de prévention en direction des hétérosexuelLEs qui se sentent paradoxalement de moins en moins concernéEs par l’épidémie et chez qui l’usage du préservatif reste faible. 17% des hétérosexuelLEs néEs en France découvrent leur séropositivité au stade sida.

L’InVS affirme clairement cette année que l’augmentation des nouveaux diagnostics relevés dans la communauté homosexuelle se poursuit à un rythme inquiétant (+15% en un an). Ces données sont concordantes avec l’ensemble des enquêtes comportementales et avec l’augmentation des cas d’Infections sexuellement transmissibles depuis plusieurs années. L’augmentation des prises de risque chez les homosexuels conduit donc à une forte augmentation du nombre des contaminations.

Cette situation exige plus que jamais une forte mobilisation de la communauté afin de repenser les messages de prévention de manière inventive et valoriser les comportements préventifs. Alors que 14% à 20% des membres de notre communauté sont touchés par la maladie, paradoxalement il n’a jamais été aussi difficile d’y parler du sida. Les discriminations qui se développent entre séropos et séronegs et la reprise des pratiques à risques sont les deux faces d’un même déni. Il est urgent que notre communauté se mobilise à nouveau afin que le sida ne devienne pas l’horizon indépassable de l’homosexualité.

En dépit de ce constat alarmant sur la progression de l’épidémie de sida en France, 25 ans après le début de l’épidémie nous sommes encore confrontéEs aux mêmes tergiversations pour mettre en œuvre des politiques efficaces de prévention.

L’année dernière Xavier Bertand annonçait l’installation de distributeurs de préservatifs à 20 centimes dans tous les lycées. Le ministère de l’Education nationale s’est évertué à ne rien faire. Le ministre de l’Intérieur continue de mener une chasse aux étrangerEs qui les éloigne de la prévention. _ Surtout, la vacuité des programmes des candidatEs à l’élection présidentielle sur la prévention nous désespère.