La France compte ses sous, l’Afrique compte ses mortEs
La France compte ses sous, l’Afrique compte ses mortEs
Ce contenu a 18 ans. Merci de lire cette page en gardant son âge et son contexte en tête.
Aujourd’hui, lors du discours de Jacques Chirac, donné à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, à l’inauguration de « l’Artère », 7 militantEs d’Act Up-Paris ont interpellé le Président de la République sur la participation de la France au financement mondial de la lutte contre le sida. Alors que Jacques Chirac tenait à « redire la détermination de la France à promouvoir l’accès universel aux traitements », les militantEs brandissait des pancartes « la France compte ses sous, l’Afrique compte ses mort-e-s », pour dénoncer le mépris du chef de l’Etat.
L’ONU l’a annoncé il y a plus d’un an : en 2007, 18 milliards de dollars seront nécessaires si l’on veut juguler la pandémie du sida. 18 milliards, c’est moins de 0,1% du PIB des 7 pays les plus riches. Pourtant, l’ONU anticipe qu’en 2007 les financements disponibles resteront inférieurs à 10 milliards de dollars. Alors que les chefs d’Etat du G7 se sont engagés lors de leur sommet de 2005 à permettre d’ici 2010 l’accès universel au traitement VIH. Ces traitements diminuent la mortalité par sida de plus de 90%. 30 millions de personnes sont déjà mortes du sida, d’après l’ONU ; trois millions rien qu’en 2006. Combien de millions de mortEs supplémentaires faudra t-il avant que les dirigeants du G7 ne tiennent leur promesse d’arrêter cette hécatombe que l’OMS garantit arrêtable ?
La France fait partie des 7 pays les plus riches du monde. Elle concentre en effet à elle seule 6% de la richesse des pays industrialisés, d’après l’OCDE. 6% de 18 milliards : c’est à hauteur d’1 milliard de dollars que la France devrait contribuer au financement de la lutte contre la pandémie en 2007. Au lieu de cela, le Ministère des Affaires étrangères annonce 360 millions de dollars [[360 millions de dollars = 280 millions d’euros
– 150 millions d’euros pour la lutte contre le sida acheminés à travers le Fonds mondial (150 millions supplémentaires étant affectés à la lutte contre le paludisme et la tuberculose) ;
– 90 millions d’euros pour l’achat de médicaments VIH à travers Unitaid (90 millions supplémentaires étant affectés à la lutte contre le paludisme et la tuberculose) ;
– 40 millions d’euros d’activités diverses, comprenant par exemple l’initiative ESTHER et une partie du budget de l’ANRS.]]. Par contraste, la Grande-Bretagne donne 900 millions de dollars[[500 millions de livres, décidés par Tony Blair en 2004.]] depuis 2005.
Act Up-Paris exige donc qu’au-delà des grands discours du chef de l’Etat, la France contribue enfin à la hauteur de ses moyens à la lutte contre une pandémie, qui, le dernier rapport de l’Onusida vient encore de le rappeler, n’a jamais pris d’aussi affolantes proportions.