Avec la CROI (Conference on retroviruses and opportunistic infections) qui se déroule du 25 au 28 février 2007, nous poursuivons nos chroniques des conférences. Deux militantEs d’Act Up-Paris sont sur place et rendront compte des principales annonces qui y seront faites.
La CROI 2007, autrement dit la 14e conférence scientifique américaine sur le sida vient d’ouvrir ses portes à Los Angeles, Californie. La traditionnelle réception d’ouverture a eu lieu ce soir au Doroty Chandler Pavillon du Los Angeles Music Center où se tient d’ordinaire la cérémonie des Oscars. La CROI aurait-elle éclipsé les trophées du cinéma américain dont la remise était aussi programmée pour ce dimanche soir ? Le sida aurait-il détrôné le cinéma dans sa propre capitale ? Certainement pas, la salle est simplement devenue trop petite au fil des années pour faire face à la démesure hollywoodienne. Mais gageons que demain matin ce sera bien le septième art qui fera la une des journaux.
Politiquement correct ?
Cette 14e CROI n’est pas sans surprises. Mario Stevenson préside cette année encore la conférence américaine en compagnie d’un australien bien connu, Andrew Carr. On aurait pu croire dès lors que le spécialiste des troubles métaboliques et autres effets indésirables donnerait le ton. Il n’en est rien. Le programme est riche et dense et fait la part belle à deux domaines : la science fondamentale et les enjeux internationaux. Un programme typiquement américain qui traduit bien sa montée en puissance au cours de ces dernières années tant avec le programme PEPFAR d’aide internationale bilatérale à la recherche et à l’accès aux soins de l’infection à VIH que les programmes de développement de la recherche vaccinale.
La CROI apparaissait déjà comme une vitrine de la recherche américaine. C’est encore plus vrai cette année avec une débauche de moyens mis à la disposition des chercheurs. Et on cherche avec difficulté la dimension politique de certaines plénières. Après quelques années de fronde anti-Bush bien sentie, la conférence américaine se présente comme très policée, presque politiquement correcte. La plénière de clôture qui avait donné lieu par le passé à des présentations osées, des conclusions bien senties, n’existe plus dans le crû 2007. Quant à la plénière d’ouverture où l’on a vu des orateurs comme Bill Gates se disputer la vedette avec l’ancien président Clinton, elle n’a plus vocation à être une tribune : les orateurs cèdent la place à un discours à la mémoire de N’Galy et Jonathan Mann. Cet hommage au fondateur du programme sida de l’OMS sera la seule référence politique de cette conférence.
International
Depuis l’édition de Boston en 2005, la recherche dans les pays du sud est un passage obligé de la conférence américaine. Cette année, une fois de plus, la première journée est l’occasion de présentations relatives aux pays du Sud et plus particulièrement l’Afrique. Un symposium sur les questions urgentes du monde en développement précède la plénière d’ouverture où il est question de recherche et de soins en Haïti. La plénière de lundi ainsi que d’autres sessions traiteront des bienfaits de l’allaitement des nourrissons au sein. D’autres travaux seront présentés dans cette conférence sur les succès des trithérapies dans les pays à faible ressources, de l’émergence des effets secondaires et des résistances dans le monde en développement ou encore des essais de prophylaxie menés aussi au sud.
Basic science
L’autre grand volet de cette CROI 2007, c’est la recherche fondamentale. Qu’il s’agisse des apports de la recherche génétique, de travaux en immunologie sur les lymphocytes régulateurs ou des avancées en pathogenèse, la recherche fondamentale préfigure la carte de la clinique et des soins de demain. La journée de mardi marque particulièrement la tendance et sera particulièrement éprouvante avec une fin programmée des séances à 21h30. L’après-midi sera marqué par une session spéciale sur la recherche vaccinale. Elle se conclura sur un «ton» plus clinique avec la session sur les résultats des nouveaux traitements ainsi qu’une rencontre de discussion sur les nouvelles stratégies de traitement. Mais là encore, on sera avant tout dans la prospective.
Melting pot
Mais les amateurs de résultats cliniques trouveront aussi leur bonheur. Une session de pharmacologie est prévue. Une large place sera consacrée aux résistances ainsi qu’aux hépatites. Il est également prévu des communications sur les techniques de réduction de la transmission, sur les analyses des effets indésirables et de leurs moyens de corrections. Toutes ces petites sessions permettront de connaître enfin les résultats de nombreuses études qui auront des conséquences immédiates sur la vie des malades.
Enfin, pour conclure cette introduction, signalons qu’un nombre toujours plus importants de sessions seront disponibles sur le net. En fait, à l’exception des présentations orales de posters, tout sera visible sur le site de la conférence, mais dans la langue de Shakespeare, of course. À bientôt dans notre prochaine chronique de la CROI 2007.