L’épidémie de sida a révélé et révèle encore, souvent tragiquement, les inégalités et discriminations dont sont victimes de nombreux groupes de populations dans notre société, à commencer par les personnes lesbiennes, gay, bi et trans’ (LGBT).
La marginalisation et la stigmatisation dont elles font l’objet les empêchent de se voir reconnaître une place dans la société et les relèguent dans la honte. Comment en serait-il autrement alors qu’on ne leur reconnaît pas les mêmes droits qu’à l’ensemble des citoyenNEs ?
Si le PaCS a représenté une avancée en matière de droits des couples de même sexe, la situation des individuEs et des couples homosexuelLEs n’est pas aujour-d’hui celle de l’égalité des droits. En matière de conjugalité ou de parentalité notamment, il reste beaucoup à faire.
Les personnes trans, quant à elles, sont aujourd’hui soumises à la toute-puissance de la psychiatrie. Dans notre pays, le «trans-sexualisme» est en effet encore considéré comme une maladie mentale et/ou la possibilité de changer d’identité sociale, de sexe sans accepter de subir une opération chirurgicale de réassignation sexuelle n’est pas reconnue. Pourtant, cette situation correspond à une part très importante des personnes trans vivant en France. Elle explique d’ailleurs pourquoi il n’existe pas de statistiques, en France, concernant le nombre de personnes trans, en dehors des chiffres des équipes officiellement chargées de suivre médicalement les changements d’état civil – et qui ne comptabilisent que les personnes qui empruntent ce circuit, ce qui suppose qu’elles aient accepté de subir une opération chirurgicale de réassignation sexuelle. De ce fait, en l’absence de données statistiques, nous ne disposons pas d’enquêtes relatives à la prévalence du VIH/sida parmi les personnes trans.
Nous le savons, cette situation est délétère pour les personnes au regard de l’épidémie de sida : partout dans le monde, les communautés LGBT sont en première ligne. En France, ce sont encore plus d’un quart des nouvelles contaminations qui concernent les homosexuels masculins ; près de 15 % sont aujourd’hui séropositifs. Quant aux trans, les données d’études réalisées dans d’autres pays font état d’une prévalence très supérieure à celle observée dans d’autres groupes de population, puisque pouvant aller jusqu’à 40 %.
Lutter contre le sida, c’est donc toujours lutter contre les discriminations que subissent les communautés les plus touchées par la maladie. Parce qu’une personne qui a peur accède plus difficilement qu’une autre à l’information et à la prévention. Parce qu’une personne qui a honte va plus souvent qu’une autre se mettre en danger et adopter des pratiques à risques. Parce qu’une personne stigmatisée s’inscrit moins volontiers qu’une autre dans un suivi médical de qualité.
La communauté LGBT, qui fut l’une des premières à être touchée et à se mobiliser, subit toujours les conséquences de cette inégalité juridique et sociale. Comment espérer changer cet état de fait en maintenant des discriminations inscrites dans le marbre de la loi ?
En 2007, la réalisation pleine et entière de l’égalité des droits des personnes LGBT est une condition nécessaire à une politique efficace de lutte contre le sida.
Lutter contre le sida en 2007, c’est ainsi établir l’égalité des droits entre personnes et couples d’homosexuelLEs et d’hétérosexuelLEs :
– ouvrir le mariage aux couples de même sexe ;
– reconnaître le droit à la parentalité pour les homosexuelLEs et les couples de même sexe. Il convient de modifier les conditions d’accès au partage de l’autorité parentale et de permettre l’adoption par les couples de même sexe ;
– améliorer le PaCS afin qu’il octroie les mêmes droits que le mariage, en termes de fiscalité, de droits de succession ou de pensions de réversion ;
– ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Ceci leur éviterait de devoir se rendre dans certains de nos pays voisins ou d’avoir recours à des techniques artisanales d’insémination artificielle.
Lutter contre le sida en 2007, c’est aussi améliorer le statut juridique et la reconnaissance sociale des trans :
– retirer le « transsexualisme » de la liste des maladies mentales ;
– permettre le changement d’état civil des transgenres et l’obtention de papiers (carte d’identité, carte de sécurité sociale etc.) correspondant au genre qui est le leur, sans exiger pour cela une opération chirurgicale qu’ils et elles ne souhaitent pas toujours subir ;
– réaliser des enquêtes épidémiologiques chez les personnes trans, qui permettraient de connaître leurs facteurs de risque de contamination par le VIH, leurs comportements et pratiques de prévention ainsi que la prévalence du VIH parmi elles ;
– réaliser des études scientifiques permettant d’identifier et de prendre en compte les spécificité des trans séropositifVEs. Leur place dans les essais cliniques doit être promue, ainsi que des questionnements spécifiques, à commencer par les interactions entre les antirétroviraux et les traitements, dont le rapport Yéni en 2006 a reconnu qu’elles pouvaient être dangereuses pour les trans séropositifVEs ;
– concevoir des actions de préventions ciblées en direction des trans ;
– élaborer des campagnes de sensibilisation des personnels soignants, afin d’améliorer l’accueil des trans dans les structures de soin et, ainsi, leur meilleure inscription dans un suivi médical de qualité.
Lutter contre le sida en 2007, c’est enfin mettre en place une politique ambitieuse de la lutte contre les discriminations et les violences dont sont victimes les personnes LGBT. L’éducation occupe une place majeure dans ce combat. C’est pourquoi elle doit commencer dès le plus jeune âge, afin de permettre que les différences d’orientation sexuelle ou d’identité de genre ne soient plus un facteur de honte, de repli sur soi et d’exclusion.