Tandis qu’Abbott vantait son «engagement dans les pays en voie de développement», Act Up-Paris a interrompu ce matin le symposium du laboratoire pour dénoncer le chantage qu’exerce ce dernier sur les malades en Thaïlande et appeler à son boycott.
– Une vidéo de l’action est consultable ici . Le laboratoire Abbott a annoncé qu’il refusait de mettre à disposition des malades du sida en Thaïlande un médicament VIH essentiel, en représailles contre la décision du gouvernement thaïlandais de lever le monopole dont jouissait Abbott sur les ventes de ce médicament [[Reuters, 14 mars 2007 : « Abbott Labs spurns Thailand ».]]. Act Up-Paris dénonce le laboratoire Abbott, qui n’hésite pas prendre en otage des malades du sida et à les priver délibérément d’un médicament vital, et ce, dans le seul but de gagner encore plus d’argent. La rançon qu’exige Abbott pour laisser les malades accéder en Thaïlande à ce médicament anti-VIH, est que le gouvernement thaïlandais lui rende le monopole dont il jouissait sur le Kalétra comprimés jusqu’en janvier dernier [[Dirk Van Eeden, Directeur de la Communication d’Abbott, in The Nation, quotidien thaïlandais : « Thailand has chosen to break patents on numerous medicines, ignoring the patent system. As such, we’ve elected not to introduce new medicines there ».]]. En effet, la Thaïlande avait alors annoncé qu’elle levait le brevet d’Abbott et appelait les fabricants de génériques à lui proposer des versions moins chères de ce produit. La décision de la Thaïlande de lever le brevet d’Abbott est légale, aux termes des dispositions du droit international. Le gouvernement français a d’ailleurs exprimé son soutien aux autorités thaïlandaises dans un communiqué du Ministre des affaires étrangères du 26 mars . La Thaïlande cherche depuis septembre 2005 à mettre en application l’engagement pris par les chefs d’Etat des Nations Unies d’atteindre d’ici 2010 l’accès universel au traitement du sida. La Thaïlande a urgemment besoin du Kalétra comprimés d’Abbott, car ce produit est le premier de sa catégorie à résister à la chaleur des tropiques. Mais Abbott vend son médicament pour 2 200 dollars en Thaïlande, alors que la firme reconnaît qu’il lui coûte moins de 500 dollars à fabriquer [[ rapport de MSF sur les prix des médicaments antirétroviraux.Les lois anti-dumping des Etats-Unis interdisent à Abbott de vendre au-dessous du coût marginal de fabrication ; ainsi, le prix le plus bas pratiqué par Abbott, 500 dollars pour les pays africains les plus pauvres, est nécessairement supérieur au prix de revient du produit.]]. Or, la Thaïlande compte plus d’un million de personnes séropositives : elle est incapable de donner un accès universel à ce produit au prix exigé actuellement par Abbott. Après plus de six mois de tentatives infructueuses pour amener Abbott à baisser son prix, le gouvernement thaïlandais a donc décidé en janvier dernier de mettre en application les dispositions de l’OMC sur le recours aux médicaments génériques. C’est en menaçant la vie des malades en Thaïlande qui ont besoin en urgence du Kalétra comprimés qu’Abbott tente de forcer la Thaïlande à se priver de son droit OMC aux médicaments génériques. Cette prise d’otage relève d’un comportement terroriste de la part de ce laboratoire. Act Up-Paris appelle les personnes suivant un traitement VIH sur le territoire français à : – signer la pétition d’appel au boycott solidaire proposée par le Réseau Thaïlandais des Séropositifs – envisager immédiatement avec leur médecin traitant la mesure dans laquelle il leur est possible de remplacer le Kalétra d’Abbott par l’un des médicaments les plus proches, comme le Reyataz associé à du Norvir. Act Up-Paris appelle le ministre de la Santé Philippe Bas à : – condamner publiquement le fait, pour un laboratoire pharmaceutique, d’utiliser l’arme de la privation de médicaments – ou toute autre mesure de mise en danger des malades – dans ses efforts pour maintenir des prix élevés ; – offrir à la Thaïlande le secours de la France face à la tentative de blocus organisée par Abbott, en partageant avec la Thaïlande l’accès garanti aux produits VIH d’Abbott dont jouit la France (en tant que deuxième plus gros débouché d’Abbott).