Jeudi 28 juin, le CRIPS Ile-de-France organise la rencontre « Trans : quels enjeux de santé ? » en partenariat avec Act Up-Paris. Elle se tiendra au Conseil régional d’Ile-de-France (65, rue de Babylone, Paris 7ème). Vous en trouverez le programme ci-dessous.
Le compte-rendu est disponible ici.
Depuis 2005, nous alertons les acteurs & actrices de la lutte contre le sida sur la nécessité de mieux connaître, faire connaître et faire prendre en compte l’épidémie de sida parmi les personnes transexuelles et transgenres. 25 ans après le début de l’épidémie, il n’existe toujours aucune donnée sur l’impact du sida parmi les personnes trans’ en France, pas plus que de données sur le nombre de personnes trans’, hormis ceux des équipes médicales « officielles » qui parlent de quelque centaines quand les associations l’estiment à 60 000.
Pourtant, les quelques études menées dans le monde montrent que la prévalence du VIH se situe entre 15 et 40 % dans cette communauté. Soit une situation de crise sanitaire majeure.
L’absence de reconnaissance juridique et sociale, la mainmise de la psychiatrie, les violences exercées contre les trans’ (y compris par les forces de l’ordre) et la discrimination marginalisent les trans’ et sont les complices de l’épidémie. En France, les trans’ réclament en vain, pour les personnes non opérées, un changement du numéro de sécurité sociale à leur demande, ce qui faciliterait les rapport avec l’administration et le système de soins.
L’accès au système de soins et aux services de santé des personnes trans’ touchées par le VIH est un des défis les plus criants de leur prise en charge médicale. La méconnaissance des enjeux spécifiques des trans par les professionnelLEs de santé est un obstacle majeur au développement d’actions de prévention ou d’accès aux soins de
qualité, allié à un très fort sentiment, chez les personnes concernées, d’isolement et de stigmatisation de la part des soignantEs, qui va parfois jusqu’au refus de soins.
Avec les trans’, l’épidémie de VIH/sida pose, une fois de plus, la question des droits des personnes. L’absence des trans’ des systèmes de surveillance épidémiologique et des programmes de santé publique, la quasi-inexistence de stratégies de prévention et de réduction des risques en direction des trans’ – en dehors du prisme du travail du
sexe -, l’absence de prise en compte de leurs spécificités en matière de prise en charge médicale et, bien sûr, les problèmes d’estime de soi, de discrimination et de stigmatisation font obstacle à la prise en compte de leurs problèmes de santé.
Pourtant, les interactions médicamenteuses entre les antirétroviraux et les traitements hormonaux ont été signalées par la communauté scientifique française comme un enjeu du suivi médical des personnes trans’ séropositives : pour la première fois, en 2006, le rapport du Groupe d’experts sur la prise en charge médicale des personnes
infectées par le VIH (dit Yeni) leur consacrait un paragraphe.
Aujourd’hui, les institutions sanitaires, les chercheurSEs, les soignantEs et les acteurs & actrices de la prévention doivent s’impliquer dans une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des trans’ en matière de VIH/sida, en particulier en termes d’accès au système de santé ou de prise en charge médicale adaptée.
Face à cette urgence sanitaire, Act Up-Paris demande :
– le retrait du « transsexualisme » de la liste des maladies mentales ;
– le droit au changement d’état civil des transgenres et l’obtention de papiers (carte d’identité, carte de sécurité sociale etc.) correspondant au genre qui est le leur, sans exiger pour cela une opération chirurgicale qu’ils/elles ne souhaitent pas toujours subir ;
– la réalisation d’enquêtes épidémiologiques chez les personnes trans’, qui permettent de connaître leurs facteurs de risque de contamination par le VIH, leurs comportements et pratiques de prévention ainsi que la prévalence du VIH parmi elles ;
– la réalisation d’études scientifiques permettant d’identifier et de prendre en compte les spécificité des trans’ séropositifVEs. Leur place dans les essais cliniques doit être promue, ainsi que des questionnements spécifiques, à commencer par les interactions entre les antirétroviraux et les traitements hormonaux ;
– la conception d’action de préventions ciblées en direction des trans’ ;
– l’élaboration de campagnes de sensibilisation des personnels soignants, afin d’améliorer l’accueil des trans’ dans les structures de soin et, ainsi, leur meilleure inscription dans un suivi médical de qualité.