L’infectiosité d’une personne récemment infectée est très élevée les premiers mois qui suivent sa contamination. Ignorant souvent encore qu’ils viennent d’être contaminés, ces nouveaux séropositifs ne modifient pas nécessairement leur comportement sexuel pour adopter des pratiques safe.
Plusieurs études épidémiologiques avaient depuis longtemps souligné le poids de la primo-infection dans la diffusion de l’épidémie de sida. Celui-ci s’explique notamment par l’augmentation explosive de la charge virale au premier stade de l’infection, avant que le corps ait pu développer une réponse immunitaire. Les données disponibles sur le rôle des primo-infections dans l’épidémie étaient jusqu’à présent issues d’études d’observation. Mark Wainberg, un chercheur canadien, vient de publier une étude basée sur des analyses génétiques des virus circulants dans une cohorte de primo-infectéEs canadienne. Elle met en évidence que les personnes en primo-infection pourraient être à l’origine de près de la moitié des cas de transmission du VIH dans la communauté homosexuelle.
Une connaissance plus précise des modes de transmission du VIH et de la dynamique de l’épidémie permet aujourd’hui de mieux calibrer les messages de prévention. Dans 80 % des cas, l’infection par le virus du sida s’accompagne, environ deux semaines après, de l’apparition de signes cliniques. Il s’agit le plus souvent de symptômes apparentés à une forte angine, à une mononucléose ou à un syndrome grippal parfois accompagné d’une éruption cutanée. Les gays ayant souvent recours au dépistage, en France, près de la moitié des nouveaux diagnostics remontent à moins de six mois et 20 % correspondent à une primo-infection.
D’après les recommandations de prise en charge thérapeutique, dans la plupart des cas le traitement de la primo-infection n’est pas justifié. Pourtant Mark Wainberg plaide dans son article pour une mise en route rapide d’un traitement qui vise à réduire la charge virale chez les personnes primo-infectées pour limiter l’impact des primo-infections sur la diffusion de l’épidémie. Cette approche strictement médicale pour tenter de réduire le nombre de nouvelles contaminations fait l’impasse sur la nécessité d’une modification des pratiques après l’annonce de la séropositivité.
Surtout, elle élude la vraie question qui est celle de l’identification précoce des nouvelles infections. Le rôle prépondérant de la primo-infection dans la diffusion de l’épidémie appellerait plutôt à développer l’information sur ce sujet, comme cela a été tenté au Royaume-Uni. Des personnes ayant eu des rapports non protégés et qui ne se sont pas faites dépistées peuvent se croire à tort séronégatives et risquer de contaminer d’autres partenaires, ou leur partenaire régulierE. Il s’agit d’inciter les personnes à consulter, et les médecins à explorer l’éventualité d’une prise de risques, en cas de symptômes pouvant être associés à une séroconversion.
Il est également probable, qu’une part notable des infections liées à la primo-infection interviennent dans le cadre de couples stables qui n’utilisent pas le préservatif. Ces informations plaident donc en faveur de la mise en œuvre de campagnes spécifiquement adressées aux couples qui n’utilisent pas le préservatif.