Bis repetita
Au début des années 2000 la communauté homosexuelle avait été confrontée à la résurgence de la syphilis avec une constante augmentation des cas jusqu’en 2003. Suite à l’« Alerte Syphilis » lancée par les associations et les pouvoirs publics, cette nouvelle épidémie s’est stabilisée jusqu’en 2005. D’après des données exposées par l’Institut de veille sanitaire au cours d’un rendez-vous ministériel montrent qu’aujourd’hui c’est aussi la population hétérosexuelle qui est touchée et l’épidémie se développerait aussi en province. Fait particulièrement alarmant, la surveillance de la syphilis montre une très forte recrudescence des cas chez les homosexuels en Ile-de-France de 2005 à 2006.
Les données de surveillance qui ne concernent que quelques services médicaux ne permettent pas vraiment d’avoir des informations très précises sur la recrudescence de l’épidémie d’autant que l’Institut Alfred Fournier a quitté le dispositif de veille. L’accent doit être de nouveau mis sur un dépistage plus précis et surtout plus systématique de la syphilis notamment en milieu hospitalier chez les séropositifVEs chez qui les cas sont plus fréquents.
Mais face à cette nouvelle recrudescence de la syphilis, il n’est pas certain qu’une stricte politique d’incitation au dépistage puisse suffire. Il est d’ailleurs avancé qu’un message associatif centré sur la recommandation d’usage du préservatif pour les fellations serait nécessaire pour enrayer l’épidémie. Or très généralement les pipes sont faites non protégées tant chez les hétéros que chez les gays. Une grande partie des associations de lutte contre le sida a renoncé à vouloir modifier les comportements en ce qui concerne la fellation arguant qu’il convient d’abord de lutter contre l’augmentation des pénétrations non protégées principales cause de la propagation de l’épidémie de sida et des IST.
Pourtant les deux épidémies sont en partie liées puisque les IST augmentent le risque de transmission du VIH. Mais on ne peut établir de corrélation stricte entre l’évolution de la syphilis et l’épidémie de sida car la syphilis se transmet beaucoup plus facilement que le VIH tant par les fellations que par les pénétrations non protégées. Surtout une majorité des cas concernent des gays déjà séropositifs, ceux-ci ayant plus fréquemment des rapports non protégés que les séronégatifs. Mais c’est de toute évidence l’augmentation des pénétrations anales non protégées qui fut à l’origine de la réapparition de la syphilis vers 2000. Outre le fait qu’elle peut augmenter le niveau de charge virale chez les séropositifs, la syphilis peut avoir des complications dangereuses pour la santé des séropos et des séronegs.
La pipe, avec capote. Oui madame !
Parallèlement à la nouvelle augmentation des cas de syphilis, le nombre de gonococcies, aussi appelée « chaude pisse », augmente depuis 2000 après une baisse des cas entre 86 et 96. La France est par ailleurs le pays européen le plus touché par LGV (lymphogranulomatose vénérienne). Le nombre de gonococcies rectales est particulièrement en augmentation ce qui permet de mettre en évidence un développement de l’épidémie chez les gays. La situation est préoccupante dans le cas des gonococcies puisque l’observation récente montre une résistance à certains antibiotiques. Malgré une alerte sanitaire en direction des médecins pour qu’ils et elles modifient leurs prescriptions, il semble que ces résistances se maintiennent et que les recommandations ne soient pas suivies. Ainsi des personnes peuvent penser être guéries alors qu’elles sont toujours porteuses de la maladie et donc la transmettre.
On ne sait pas précisément si les gonococcies peuvent se transmettre par voie orale. Il semble en revanche que ce soit le cas pour les chlamydiae. Il serai donc souhaitable de mieux documenter ces questions notamment dans la communauté gay. Cette nouvelle recrudescence des IST n’est vraiment pas une bonne nouvelle. Elle est concordante avec l’augmentation des pratiques à risque constatée chez les gays et confirme les données qui indiquent une augmentation des contaminations par le sida chez les gays. Le fait qu’elles se transmettent pour certaines facilement par la fellation et qu’elles puissent augmenter la transmission du VIH implique aujourd’hui une clarification des messages de prévention sur la pipe.