La nomination du nouveau président de la MILDT n’augure rien qui vaille dans la politique menée à l’avenir en termes de réduction des risques et de soutien aux usagerEs de drogues.
Etienne Apaire a été nommé à la présidence de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) en remplacement de Didier Jayle, « appelé à d’autres fonctions ».
La MILDT est notamment en charge des programmes de réduction des risques liés à l’usage de drogues et de la politique de lutte contre le sida en direction des usagerEs de drogues.
Act Up-Paris exprime aujourd’hui la plus vive inquiétude quant à la poursuite de ces missions, désormais sous la direction d’un partisan du tout répressif et de la pseudo – « tolérance zéro ».
Conseiller pour les affaires pénales au cabinet du Garde des Sceaux de juin 2005 à avril 2007, Etienne Apaire a également été, de juin 2002 à octobre 2004, conseiller judiciaire de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Il a donc été l’un des principaux artisans des projets de loi sur la sécurité intérieure de ces dernières années, qui ont notamment instauré une chasse aux prostituéEs, aux conséquences sanitaires désastreuses.
En avril 2003, Etienne Apaire explique que l’objectif du ministère de l’Intérieur est « d’élaborer concrètement une nouvelle loi » car celle de 1970 était « surtout destinée à des toxicomanes en particulier usagers d’héroïne ». Face à des d’usagErEs, qui sont selon ses dires, « de plus en plus nombreux et non dépendants (fumeurs de cannabis, consommateurs d’ecstasy) », il souhaite une réponse à base de « sanctions plus pédagogiques » et de « procédures allégées ». Avertissant « notre but est avant tout de limiter l’usage des drogues, d’en faire comprendre les dangers et surtout pas d’en être gestionnaire », il annonce « nous souhaitons que les pouvoirs publics ne financent plus le testing. Les subventions accordées en ce sens aux associations pourraient donc être supprimées ».[[Source : Revue de presse de la MILDT du 25 avril 2003 ).]]
Cette nomination d’un magistrat manifestement réactionnaire, qui semble tout ignorer des enjeux sanitaires d’une politique des drogues, n’augure rien qui vaille dans la politique menée à l’avenir en termes de réduction des risques et de soutien aux usagerEs de drogues.
Dès maintenant, Etienne Apaire doit rendre des comptes à ceux et celles pour qui la santé et la vie des personnes valent plus que la démagogie sécuritaire.