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Exigée dès 1998 par les associations de lutte contre le sida, Act Up-Paris en tête, pour disposer d’un moyen efficace pour suivre l’évolution des contaminations en France, la Déclaration obligatoire de séropositivité (DO) n’a été mise en place qu’en 2003. Les résultats qui viennent de paraître nous laissent perplexes.

L’ancien système de surveillance, issu de rétrocalculs à partir du nombre de nouveaux cas de sida, ne permettait plus, avec l’arrivée des trithérapies, de donner une idée juste de l’évolution des contaminations. Trois ans après son entrée en application, la déclaration obligatoire de séropositivité permet aujourd’hui de disposer d’un recul suffisant pour fournir des éléments sur l’évolution des nouveaux diagnostics de séropositivités en France.
En 2006, l’estimation du nombre de nouveaux diagnostics de séropo-sitivité est de 6 300 cas. Ce chiffre est issu d’un ajustement qui prend en compte les délais de déclaration et une sous-déclaration estimée à 36 %. Rapportée à l’estimation de l’année dernière (6 700), l’InVS conclue à une légère diminution du nombre de nouveaux diagnostics.

Des femmes. Mais cette diminution des nouveaux diagnostics varie en fonction des groupes de population. Elle est particulièrement sensible chez les femmes hétérosexuelles étrangères et confirme en ce sens la baisse amorcée l’année dernière. Cette évolution est peut-être le résultat des campagnes menées en direction de ces populations. Les données de l’InVS continuent toutefois de mettre en évidence une transmission active du VIH parmi les étrangerEs sur le territoire national.

Et des hommes. En revanche, le nombre de nouveaux diagnostics chez les homos reste stable. Le pourcentage d’hommes diagnostiqués séropositifs passe de 58 % en 2003 à 64 % en 2006 principalement à cause de l’augmentation de la part des homosexuels dans les nouveaux qui s’élève à 37 % en 2006. Le nombre de nouveaux diagnostics chez les femmes reste plus élevé que chez les hommes hétérosexuels.

Dépistage. Les données issues de la déclaration obligatoire des cas de séropositivité reflètent en grande partie le recours au dépistage. Aussi, l’InVS attend des données comparables pour pouvoir conclure sur la baisse des nouveaux diagnostics et alerte d’ores et déjà sur la nécessité de confronter ces données à celles issues des enquêtes comportementales. En l’absence d’information précise sur le dépistage, il reste difficile d’interpréter cette diminution du nombre de nouveaux diagnostics d’autant qu’on ne peut exclure l’effet des politiques qui condamne les étrangerEs à la clandestinité.

Quoiqu’il en soit, les nouveaux diagnostics dans la population homosexuelle ne diminuent pas et restent stables après une augmentation continue entre 2003 et 2005 dans un contexte d’accroissement des comportements à risque. Les diagnostics très précoces augmentent chez les homos (37 % en 2003 à 47 %) ce qui suggère que la dynamique de l’épidémie y reste forte. Les homosexuels sont 70 fois plus touchés que le reste de la population.