S’il est la cause d’infections bénignes telles que verrues plantaires ou de condylomes acuminés (crêtes-de-coq), le Papillomavirus Humain (HPV) se décline en différentes souches plus ou moins virulentes. Aujourd’hui, il existe un vaccin, mais quelle est son action ?
On a identifié plus d’une douzaine de HPV associés à différents types de cancers de l’anus, du pénis, de la vulve et du col de l’utérus, les HPV de type 16 et 18 étant les plus agressifs, et peuvent aussi être liées à l’apparition de cancers.
Fellation et HPV : un risque aggravé de cancer de la gorge.
Cependant, le potentiel oncogène (cancérogène) des papillomavirus ne se limiterait pas uniquement aux cancers génitaux : une récente étude américaine, parue dans le New England Journal of Medecine le 10 mai 2007, indique que les HPV pourraient également être associés à l’apparition de certaines tumeurs cancéreuses au niveau de la gorge (oropharynx). Cette étude, dirigée par le Dr Maura Gillison de l’Université John Hopkins (Baltimore, Etats-Unis), suggère de plus que les personnes qui ont des rapports bucco-génitaux avec plus de cinq partenaires dans leur existence, ont un risque de cancer de la gorge bien plus élevé que celles qui n’ont pas ce type de rapports.
Les chercheurEs ont ainsi collecté des échantillons de salive et de sang de 100 hommes et femmes chez qui venait d’être diagnostiquéES pour un cancer de l’oropharynx, ainsi que ceux de 200 hommes et femmes en bonne santé. Toutes les personnes ont communiqué des informations sur leur vie sexuelle, y compris sur le nombre de partenaires avec qui elles avaient eu des rapports bucco-génitaux (fellation ou cunnilingus). Après avoir pris en compte les facteurs de risque de développement du cancer de la gorge (consommation d’alcool et tabagisme), l’analyse des données a révélé que les personnes infectées par le HPV de type 16 avaient plus de risque de développer un cancer de l’oropharynx (‘odds ratio’ de 32), alors que l’alcool ou le tabac seul présente moins de risque (‘odds ratio’ d’environ 3). L’association entre des relations bucco-génitales non protégées et le développement d’un cancer de l’oropharynx est de plus en plus nettement marquée lorsque le nombre de partenaires augmente et ce d’autant plus si la personne est infectée par le HPV de type 16.
La vaccination comme solution ?
Les résultats de la précédente étude montrent que l’infection buccale par le HPV est une des causes possibles de certains cancers de la bouche. Même si le nombre de cas reste faible, on peut une fois de plus se poser la question de la mise en place d’une vaccination généralisée contre les HPV afin de les éviter. La récente mise sur le marché français de deux vaccins préventifs contre certains papillomavirus et visant principalement les jeunes filles de 12-13 ans, soit avant l’âge des premiers rapports sexuels, a pour objectif principal la prévention à long terme du cancer du col utérin. Les deux vaccins disponibles sont composés de pseudo-particules virales des HPV de type 16 et 18 pour le Cervarix® (laboratoire GSK) et 16, 18, 6 et 11 pour le Gardasil® (laboratoires Merck & co). Lors du 47ème congrès ICCAC (Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy) qui s’est tenu à Chicago, il a été révélé une efficacité croisée contre d’autres souches que celles contenues dans le vaccin, ce qui renforce l’intérêt de ces vaccins pour prévenir les cancers du col associés à de multiples types de HPV (mais majoritairement les types à haut risque 16 et 18. La prévention du cancer du col de l’utérus par dépistage (frottis) reste une procédure très efficace et la vaccination ne concerne que les jeunes filles et femmes non encore infectées. L’élargissement de la vaccination pour prévenir l’infection par HPV dans la population masculine peut néanmoins s’avérer importante en raison du réservoir potentiel que les hommes constituent pour les HPV. Qu’il s’agisse d’hommes ou femmes, aucune étude n’a exploré la possibilité d’une protection contre le cancer de la gorge par les vaccins anti-HPV préventifs disponibles. CertainEs expertEs ont déclaré que la mise en évidence d’une association entre HPV et certains cancers de l’oropharynx plaidait en faveur d’une vaccination anti-HPV élargie aux hommes. En attendant, la meilleure barrière contre ces virus reste encore l’utilisation du préservatif et du carré de latex pour la fellation et le cunnilingus.
Sources :
– www.academie-medecine.fr/sites_thematiques/vaccination/begue_rapp_27mars_2007.htm
– www.quotimed.com