Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées vendredi soir devant l’ambassade de Turquie en France, en soutien à Lambdaistanbul menacée de dissolution. L’ambassade a reçu une délégation mais a botté en touche : nos préoccupations demeurent.
Vendredi dernier 25 janvier à 18h30, plusieurs dizaines de personnes appartenant à diverses organisations (Act Up-Paris, Amnesty International, le Centre LGBT Paris Île-de-France, le comité IDAHO, la commission LGBT des Verts, les Panthères roses, le Parti communiste français, les Putes, SOS homophobie et Tjenbé Rèd) ont manifesté près de l’ambassade de Turquie en France [[
Voir communiqué du 24 janvier 2008
]], à l’initiative des Panthères roses, scandant notamment : «À Istanbul comme à Paris, l’homophobie, ça suffit !»
Dans le cadre d’une mobilisation internationale orchestrée par le collectif Scumlambda, ces organisations demandaient l’annulation du procès fait pour «immoralité» à l’association Lambdaistanbul, qui doit comparaître devant la justice turque jeudi prochain 31 janvier à 10h40.
La seule association lesbienne, gaie, bi & trans (LGBT) d’Istanbul risque ainsi la dissolution, ce qui serait une grave menace pour les personnes LGBT en Turquie au regard des actions qu’elle mène pour leurs droits (organisation de la marche des visibilités d’Istanbul) et leur santé (prévention du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles).
Durant le rassemblement, une délégation a officiellement été reçue à l’ambassade et a remis une lettre à l’attention de l’ambassadeur. Au cours de cet entretien, les représentants de l’ambassade ont soutenu que les poursuites engagées contre Lambdaistanbul ne relevaient pas «d’une question de droits humains» puisque Lambdaistanbul aurait «fait une fausse déclaration sur le lieu de son siège social» et ferait de la «propagande»… Étrangement, les représentants de l’ambassade ont évoqué l’article 7 de la loi française du 1 juillet 1901 relative au contrat d’association pour étayer leur propos, laissant ainsi entendre que Lambdaistanbul serait «fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes moeurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à l’intégrité du territoire national et à la forme républicaine du gouvernement»…
En réalité, si elles prononçaient la dissolution de Lambdaistanbul, les autorités turques iraient vers une homophobie d’État ; elles pousseraient leurs ressortissants LGBT à rester dans l’ombre sans jamais revendiquer leurs droits ; elles méconnaîtraient la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe dont la Turquie est signataire depuis 1950 – notamment ses articles 10 («toute personne a droit à la liberté d’expression») et 11 («toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association»).
La dissolution de l’association LGBT Lambdaistanbul serait évidemment une «question de droits humains» – sauf à supposer que les droits des personnes LGBT ne sont pas des droits humains. La Turquie a jadis porté le combat pour les droits des femmes, leur donnant notamment le droit de vote dès 1930 (quatorze ans avant la France) : elle peut aujourd’hui porter le combat pour les droits des personnes LGBT. Nous réaffirmons notre soutien à Lambdaistanbul et demandons l’abandon des poursuites à son encontre.