Militant dans l’âme, Bruno-Pascal a fait ses classes aux jeunesses communistes. Il travaille à Act Up-Paris pendant six ans où il s’occupe de la commission banlieue. Il rejoint ensuite le Conseil d’Administration d’Aides Ile-de-France et le Patchwork des Noms.
Depuis septembre 2007, c’est au dispositif des franchises médicales qu’il s’attaque en poursuivant une grève des soins pour dénoncer leur mise en œuvre depuis le 1er janvier 2008 par le gouvernement Fillon, dans le cadre du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Sous couvert de réduire le déficit de la Sécurité Sociale et de responsabiliser les malades, ces taxes sur les médicaments et les déplacements sanitaires les précarisent et leur rendent difficile l’accès aux soins. Ce que dénonce aussi les collectifs inter-associatifs (dont Act Up-Paris) contre ces franchises. Depuis bientôt cinq mois, Bruno Pascal Chevalier ne prend plus aucun médicament et n’a plus de suivi médical. Il mesure les risques qu’il prend et n’encourage personne à faire de même. Si aujourd’hui il est fatigué, il est plus que jamais convaincu qu’il doit aller jusqu’au bout de son combat.
« La banlieue et la province, ça n’est pas vraiment différent. Il n’y a aucune visibilité pour les gays et surtout les séropositifs. Aujourd’hui, on se cache encore si on est VIH. Les gens ont peur. Pour moi, ça n’a jamais été un obstacle d’être homosexuel. J’ai conscience de l’homophobie et de la sérophobie ambiante. Ce n’est pas par hasard si je suis devenu travailleur social. »
Sur son site il raconte son combat au quotidien, et récolte témoignages, signatures et soutien de malades et de personnalités politiques qui rejoignent son combat. « Je reçois des témoignages forts. Ça me rappelle le début de la lutte contre le sida. Ça fédère les jeunes, les vieux. Je suis travailleur social, je suis témoin au quotidien de la situation des gens, de leurs difficultés à avoir accès aux soins. Je rencontre des gens qui vivent avec 600 ou 800 euros par mois et pour qui ce n’est pas une priorité de se soigner. Ils pensent d’abord à payer leur loyer et manger à leur faim. Le soin devient secondaire. Dans ma vie personnelle, ces déremboursements et ces franchises ont des conséquences. Je me suis dit qu’il fallait taper fort. Je me suis dit que le mouvement qui s’était engagé avec le collectif contre les franchises n’était pas suffisant. Ça ne permettait pas aux malades de s’approprier la parole et d’agir. Je me suis dit que j’allais symboliser leur privation en faisant une grève de soins. J’ai décidé de communiquer sur cette action en faisant attention de ne pas inciter les gens à faire pareil. Mon action n’est pas un appel à la grève des soins. » Son combat, il le mène pour les autres : ceux qu’il reçoit au quotidien dans son Centre d’Action Sociale. « Depuis que j’ai médiatisé mon action, les gens, viennent sur mon site et témoignent des conséquences de cette loi sur leur vie. Contrairement à ce que disent Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot-Narquin, je ne suis pas un cas isolé. »
Bruno-Pascal souhaite récupérer le maximum de soutiens politiques, associatifs, d’organisations mutualistes qui sont de plus en plus nombreuses à rejoindre cette action. Et puis, il y a les individus qui s’organisent partout en France et se prononcent contre les franchises.
« Un rapport de force s’est créé. La semaine dernière, à Nantes, une dame a récolté 400 signatures en 2 heures. Nous profitons de la campagne municipale pour faire signer des pétitions sur les marchés. Au début, les gens sont méfiantEs, mais quand ils comprennent que c’est contre les franchises, ils signent. (…) Ca fait partie du combat d’Act Up que de se mobiliser contre les franchises, ensemble, on est capable de gagner. On a déjà fait reculer des trucs aussi monstrueux. C’est ça être activiste. »
Et avec le projet à venir, de réforme de la prise en charge à 100 % des Affections Longue Durée à l’automne prochain, le slogan d’Act-Up prend tout son sens. « Je suis malade, mort, je coûterai moins, tuez moi, je suis malade ! ». Rien n’est jamais irréversible, et j’attends que le débat soit reporté à l’Assemblée. J’irai jusqu’au bout. Cette victoire nous appartient à tous. Plus on agira, plus on fera entendre notre désaccord.