Le 17 mai prochain se tiendra la quatrième journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Pour la première fois, une marche aura lieu contre la lesbophobie sociale et juridique qui expose de façon dramatique la santé et la vie des lesbiennes.
Initiée par le comité IDAHO (International Day Against Homophobia), la première journée mondiale de lutte contre l’homophobie s’est tenue le 17 mai 2005. En 1993, à la même date, l’OMS cessait enfin de compter l’homosexualité parmi les maladies mentales. Douze ans plus tard, la reconnaissance d’une journée mondiale contre l’homophobie (IDAHO) par les différents gouvernements à travers le monde était revendiquée.
– En 2006, la dépénalisation de l’homosexualité dans les sept pays où celle-ci est encore passible de la peine de mort (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Iran, Mauritanie, Nigeria – dans les Provinces du nord du pays, Soudan et Yémen) et dans les 93[[La liste des législations spécifiquement homophobes est disponibles sur le site de l’ILGA.]] autres où sa pratique peut aisément se traduire par des peines de prison, pouvant aller parfois jusqu’à la perpétuité.
– En 2007, les liens entre homophobie et éducation.
– En 2009, la journée se concentrera autour des questions trans’.
– Et cette année, ce sont les questions lesbiennes qui sont à l’honneur.
Définir la lesbophobie
La lesbophobie est une discrimination spécifique touchant les lesbiennes. Cette aversion à la fois sexiste et homophobe se manifeste par le rejet de l’homosexualité féminine ou par sa négation. Bien que les contaminations à VIH soient rares, ou du moins peu documentées entre lesbiennes, les quelques études[[Ces études menées par le CRIPS en France ou par GayHealth.com aux Etats-Unis]] réalisées en France et aux Etats-Unis prouvent que ces discriminations ont des répercutions directes sur l’estime de soi des lesbiennes. Elles les conduisent à des prises de risques dans leur sexualité, y compris lors de relations hétérosexuelles occasionnelles. Ces études font aussi état d’une consultation gynécologique très faible par rapport aux femmes hétérosexuelles. Les possibilités de dépistage des IST ou de cancers s’en trouvent ainsi nettement réduites avec les conséquences qu’on sait pour leur santé. Il n’est cependant pas question pour Act Up-Paris de faire émerger une visibilité lesbienne par le VIH/sida mais plutôt de souligner plus généralement les conséquences des discriminations liées à l’orientation sexuelle sur la santé des individuEs.
Se battre contre la lesbophobie
Refuser une égalité d’accès au droit aux lesbiennes et aux pédés, c’est considérer leur sexualité et leur mode de vie comme moralement inférieurs à l’hétérosexualité. Et la lesbophobie ne pourra pas disparaître dans une société où sa pratique est ainsi disqualifiée. La dépénalisation de l’homosexualité féminine et l’accès à la prévention ne sont malheureusement pas à l’ordre du jour dans tous les pays. Rappelons que, bien trop souvent, la convention de Genève n’est pas appliquée. Et qu’en France, son application dépend aussi de la classification des pays par l’OFPRA (cf. les deux articles en p. 26 et 27). S’ajoute à cela un obstacle supplémentaire : l’existence de quotas pour les demandeusEs d’asile et les délivrances de titres de séjour. Sans la mise en place d’une formation spécifique sur les questions de genres et d’identités sexuelles des agents de l’OFPRA (Office français de protection aux réfugiés et apatrides), la prise en compte des demandes n’évoluera pas. Et cette ignorance des fonctionnaires pour la spécificité des questions LGBT et des discriminations liées au genre a souvent des conséquences dramatiques.
Nos revendications
– La mise en place dans tous les pays, de la reconnaissance du mariage et de l’adoption pour les couples LGBT.
– La dépénalisation des homosexualités, féminine et masculine, ainsi que la dépsychiatrisation de la trans’-identité.
– L’application de l’article 1er de la convention de Genève et des jurisprudences préexistantes en Europe pour les transpédégouines demandeurSEs d’asile et l’abrogation de la liste des « pays sûrs » (liste dans laquelle figurent des pays aux législations explicitement homophobes).
Marcher contre la lesbophobie
Toute la semaine du 10 au 18 mai se dérouleront des actions à travers le monde contre le sexisme et la lesbophobie.
A Paris, le 16 mai prochain, un colloque à l’Assemblée nationale sera organisé à l’initiative du comité IDAHO ; et le 17 mai, pour la première fois, une marche contre la lesbophobie aura lieu à l’appel des principales associations féministes, LGBT et de lutte contre le sida.
Act Up-Paris appelle touTEs celles et ceux qui se sentent touchéEs de près ou de loin par la lesbophobie, le sexisme, l’homophobie et la transphobie omniprésentes, à défiler ce samedi 17 mai à ses côtés et aux côtés du comité IDAHO.