Trois militants d’Act Up-Paris sont convoqués au Commissariat central du 15ème arrondissement au début du mois de mai pour y être entendus sur l’interpellation de Nicolas Sarkozy le 12 janvier 2008 lors du conseil national de l’UMP, à propos du « soutien plein et entier », de l’investiture par l’UMP, de Christian Vanneste, malgré sa condamnation pour homophobie et la promesse jamais tenue de Nicolas Sarkozy de sanction envers le député. Alors que le chef de l’Etat s’exprimait sur « le refus du sectarisme et la pratique de la tolérance » les militants l’ont interpellé au cris de « Vanneste Homophobe: UMP, Sarkozy, complices ». La réaction d’alors de Nicolas Sarkozy fut le mépris, la réponse apportée aujourd’hui est un engrenage répressif (les militants ont déjà subi une garde à vue de 10 heures) où la volonté de faire taire la voix des militantEs est palpable.
Voir une vidéo de l’action : http://latelelibre.fr
Act Up-Paris entendait dénoncer l’hypocrisie mensongère et le double jeu de Nicolas Sarkozy : candidat, il « condamnait fermement les propos » du député UMP et assurait que celui-ci « ne serait pas réinvesti aux législatives » ; Président de la République, il a par deux fois renié son engagement de rompre avec celui qui a été condamné en appel pour propos homophobes. Et que dire des deux porte-paroles de l’UMP de l’époque, Valérie Pécresse et Luc Châtel, aujourd’hui ministres, qui nous juraient la main sur le coeur que l’UMP ne pouvait tolérer de tels propos ?
Christian Vanneste n’avait effectivement pas été réinvesti par l’UMP lors des dernières élections législatives. Mais le parti présidentiel n’avait pas non plus présenté de candidat face à lui dans la 10ème circonscription du Nord. Celui-ci s’était présenté sous l’étiquette du Centre National des Indépendants (CNI), parti associé à l’UMP. Le tour était joué, Christian Vanneste fut réélu sans difficulté.
Lors des dernières élections municipales, Christian Vanneste a cependant obtenu l’investiture du parti de la majorité, qui plus est à Tourcoing, ville importante dans l’équilibre politique du Nord. Région marquée par la violente agression homophobe dont a été victime Sébastien Nouchet le 16 janvier 2004.
Aujourd’hui, plusieurs mois après les faits et alors que les élections municipales sont derrière nous, l’UMP porte plainte contre nous. Pour avoir voulu mettre au jour le non-respect de l’engagement politique de celui qui avait assuré, pendant sa campagne, être à l’écoute de certaines revendications de la communauté LGBT, le chantre de la confrontation et du débat.
Nous dénonçons cette tentative de pénalisation des actions militantes. Act Up-Paris a subi de plein fouet, ces dernières années, cette nouvelle forme judiciarisée de traitement de la contestation politique. Elle consiste, pour nos adversaires, à nous traîner devant les tribunaux pour ne pas avoir à répondre sur le plan politique de leurs actes et de leurs discours.
Est-ce vraiment la seule réponse que le pouvoir en place est capable d’apporter aux revendications d’égalité des droits et de lutte contre l’homophobie ?