Mardi 10 juin 2008 s’ouvre à New York la réunion annuelle des Nations Unies sur le respect des engagements pris en 2001 contre la pandémie du VIH/sida. A cette occasion, l’ONU publie chaque année un rapport sur les avancées réalisées – ou non – par chaque pays. Pour la première fois pour la France, ce rapport remis par les pouvoirs publics fait une place aux constats et aux recommandations portés par les associations françaises (AIDES, Act Up-Paris et le Planning familial).
En voici quelques extraits.
XENOPHOBIE D’ETAT
– « La répression accrue à l’encontre des migrants sans-papiers les éloigne des structures et dispositifs sociaux et médicaux. Elle a des effets délétères sur la prévention du VIH, l’isolement des séropositifs, l’accès aux soins. » page 76 du rapport.
– « les effets négatifs sur la prévention et la qualité de vie des personnes migrantes touchées par le VIH se sont encore amplifiés avec les durcissements de la politique migratoire des lois successives de 2006 et 2007 » page 75.
– « le droit au séjour des étrangers malades fait souvent l’objet d’interprétations restrictives de la loi de la part des administrations. Celles-ci ont de graves conséquences sur les conditions de vie des étrangers malades et sur leur prise en charge médicale ». page 75
– « une disposition a été spécifiquement introduite dans la loi sur l’immigration de juillet 2006 pour limiter le droit au séjour (et au travail) des accompagnateurs d’enfants malades. (…) La Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations a confirmé que certaines des dispositions de cette loi constituent une discrimination au titre de la nationalité. » page 76
OBSURANTISME CARCERAL
« L’accès à du matériel d’injection stérile, élément essentiel de la lutte contre le VIH/sida en milieu libre, n’est pas assuré en prison, car les pouvoirs publics estiment qu’il ne s’agit pas là d’un élément de la politique de réduction des risques mais une incitation à la consommation de drogues illicites et à un trafic de substance au sein des prisons. » page 85
INCURIE SCOLAIRE
« La loi du 4 juillet 2001 relative à l’IVG et à la contraception intègre des dispositions qui généralisent l’éducation à la sexualité. Tous les élèves sont ainsi sensés bénéficier de trois séances par an d’éducation à la sexualité. Malheureusement, les moyens humains et financiers nécessaires à la mise en œuvre effective de ce dispositif n’ont pas été mobilisés. A ce jour l’ensemble des élèves ne bénéficie toujours pas de trois séances annuelles d’éducation à la sexualité tout au long de leur parcours scolaire. » page 91.
Le rapport de la France à l’ONU sur le respect des divers engagements qu’elle avait pris en 2001 concernant la lutte contre le sida le prouve : la France ne tient pas nombre de ses engagements internationaux. AIDES, Act Up-Paris et le Planning familial appellent Roselyne Bachelot et Bernard Kouchner à prendre acte de ces échecs, et à lancer un groupe de travail ministères/associations chargé d’orchestrer la mise en conformité de l’action publique avec les engagements internationaux de la France.