Comme le laissaient entendre les annonces de ces derniers mois, la fin du 100 % est désormais très sérieusement envisagée, si l’on en croit les déclarations de Frédéric Van Roekeghem dans Les Échos ce mardi. Le directeur de l’Assurance Maladie préconise en effet de ne plus rembourser qu’à 35% certains médicaments des patients souffrant d’Affections Longue Durée (ALD).
Eric Woerth a beau démentir (ce matin sur France Culture), nous ne sommes pas dupes : il s’agit bien là d’un ballon d’essai pour aller un cran plus loin dans le démantèlement des droits des malades.
Les arguments sont les mêmes que pour toutes les autres mesures prises ces dernières années qui, une à une, réduisent en peau de chagrin le système français solidaire de sécurité sociale : forfait hospitalier, dépassements d’honoraires, déremboursements de médicament, franchises médicales. Il s’agit toujours de faire payer davantage les plus malades pour réduire le déficit de l’assurance maladie. Et de tout faire reposer sur une logique exclusivement budgétaire et comptable de la santé. Dans cette optique, il ne s’agirait pas de prendre en charge la santé publique et donc celle des assuréEs mais de réduire au minimum cette prise en charge par l’Etat et de faire peser la solidarité sur les mutuelles et les assurance privées.
Ces mesures sont catastrophiques tant en termes de Santé publique que de celle du Trésor Public : en effet, pour l’une et l’autre, les mesures adoptées et envisagées ne donneront sur le moyen et long terme que le résultat inverse de celui proclamé.
Cette obsession des hiérarques de l’assurance maladie, qui, tout à leurs problèmes comptables, n’ont aucune idée des conditions de vie des malades [[50 % des personnes vivant avec le VIH en France sont en-dessous du seuil de pauvreté. 22 % n’ont pas de logement. (Source enquête Vespa / ANRS)]], est insupportable. Il s’agit là pour nous d’une véritable déclaration de guerre. Nous tiendrons Frédéric Van Roekeghem pour personnellement responsable si ses recommandations aboutissaient à une remise en cause du 100% pour les ALD. Et nous ne nous laisserons pas faire.
Nous invitons une fois de plus Frédéric Van Roekeghem, Eric Woerth et Roselyne Bachelot à venir rencontrer les malades qui viennent à la permanence Droits Sociaux d’Act Up-Paris chaque mercredi après-midi, pour constater l’état de précarité de bon nombre de malades du sida en ALD. Et pour voir de près les effets dévastateurs de leurs logiques comptables et de leurs politiques criminelles.