Si Act Up-Paris se félicite du vote unanime du CA de la CNAMTS contre le démantèlement du système de l’Affection Longue Durée (ALD), nous ne sommes pas dupes pour autant de ce revirement. Cette proposition n’était pas le seul fait de Frédéric Van Roekeghem, elle est avant tout politique : Xavier Bertrand, Roselyne Bachelot-Narquin, Eric Woerth et Martin Hirsch font partie d’un gouvernement qui a déclaré la guerre aux malades :
– Depuis 4 ans, des mesures prises par cette majorité ont déjà, de fait, remis en cause le statut de l’ALD : le forfait à un euro sur chaque consultation ou chaque examen ; les franchises sur chaque boîte de médicament ou de transport sanitaire ; le forfait hospitalier ; les déremboursements systématiques. Toutes ces mesures ont frappé bien plus fort les personnes gravement malades. AucunE membre du gouvernement ne peut espérer être crédible en nous faisant croire oeuvrer pour les plus malades tant que de telles mesures seront encore effectives ;
– La polémique qui a suivi l’annonce de Frédéric Van Roekeghem s’insère dans un agenda politique précis et ordonné : rapport Briet et Fragonard sur les ALD en octobre 2007, instauration des franchises en janvier dernier, instauration d’un « bouclier sanitaire » actuellement en débat ;
– Le « plan de redressement » proposé par Frédéric Van Roekeghem est l’arbre qui cache la forêt, un ballon d’essai pour créer une polémique sur une mesure intolérable et rendre acceptables les propositions qui vont être ensuite être faites. Et le prétendu discours d’apaisement de la ministre de la Santé n’est en fin de compte qu’un assentiment des propositions du directeur de l’Assurance Maladie. En effet, Roselyne Bachelot-Narquin envisage simplement que les réductions soient progressivement prises en charge par des assurances privées. Le tout étant approuvé par Eric Woerth ;
– La preuve en est, par exemple, la dernière déclaration de Xavier Bertrand sur le sujet. Selon lui, il ne faut « certainement pas s’arrêter » dans la lutte contre le déficit de la Sécurité sociale, « il faut donc maintenant un nouveau plan (…) avec des nouvelles mesures ». Le ministre de « la solidarité » fait partie d’un gouvernement qui a accordé au moins 14 milliards de cadeau fiscal aux plus riches, en un an. Et il ose encore parler d’une réforme de la Sécurité sociale destinée à faire des économies ;
– Dans ce plan de communication, la manipulation la plus honteuse veut faire croire que ne seraient concernés que les traitements « de confort ». Essayant ainsi de faire passer la pilule auprès du « grand public » (qui comme le suggère frontalement la ministre de la santé n’a pas à se sentir concerné puisque les personnes prises en charge en ALD constituent une infime partie des assuréEs) en transformant les plus malades qui se révoltent pour des parasites. Pour rappel, les traitements « de confort » en question sont des éléments indispensables de la prise en charge thérapeutique, qui permettent de rendre possible la prise de traitements lourds : anti-douleur, anti-diarrhéique, anti-dépresseurs ou anxiolitiques, …
Act Up-Paris, aux côtés des autres associations, restera mobilisée cet été et à la rentrée contre les mesures de démantèlement de la Sécurité Sociale. Nous exigeons le retrait du forfait à un euro et des franchises médicales, qui ont déjà démontré dans leur application l’injustice de ces réformes.
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