Du 3 au 8 août prochain se tient à Mexico la XVIIe conférence mondiale de lutte contre le sida, qui réunit des milliers d’acteurs et d’actrices du combat contre la pandémie : malades, activistes, personnel de santé, chercheurSEs, responsables administratifVEs ou politiques, … Cet événement, organisé par l’International Aids Society, a lieu tous les deux ans.
L’importance de cette conférence en matière d’échange sur les avancées thérapeutiques, les débats sur les droits des personnes malades ou sur les politiques à mener est reconnue par tout le monde. Tout le monde ? Non : le gouvernement français ne sera représenté que par Louis-Charles Viossat, « ambassadeur sida » de la France, qui n’a aucun pouvoir de décision ou d’initiative. Les responsables concernéEs, à savoir Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner ou Roselyne Bachelot-Narquin, ne seront pas là pour assumer ce qui est pourtant leur devoir vis-à-vis des malades de France et des pays du monde entier.
SeulEs ces ministres ou le président de la République pourraient répondre aux questions qui sont posées à la France :
– Lors du G8, Nicolas Sarkozy a renouvelé, de mauvaise grâce, l’engagement de la France à assurer l’accès universel aux traitements contre le sida d’ici 2010. Comment cette promesse pourra-t-elle être tenue en 18 mois si la France n’augmente pas sa contribution financière à la lutte contre le sida, actuellement 300 millions d’euros annuels, totalement insuffisants, et ne contribue pas à hauteur d’un milliard d’euros par an, montant minimum pour tenir les engagements pris ?
– La stigmatisation des lesbiennes, gais, bis et trans’ (LGBT) dans de très nombreux pays détourne les personnes concernées des dispositifs de prévention, du dépistage précoce ou de l’accès aux soins. Ce problème sera au coeur de cette conférence. Pour quelle raison les responsables politiques concernéEs – Sarkozy, Kouchner ou Bachelot-Narquin – se taisent-ils sur cette question ? La France reçoit en grande pompe des représentantEs de pays qui enferment les homos et les trans’, et ne condamne pas publiquement leur politique .
Et il reste tant d’autres sujets sur lesquels des ministres ou un chef d’Etat devraient intervenir : la pénalisation de la transmission du VIH, le droit des pays à utiliser les génériques, le rôle que la France doit jouer pendant sa présidence européenne, la pénurie de professionnelLEs de santé, la remise en cause du système solidaire de la Sécurité sociale, les conséquences sanitaires et humaines des lois restrictives sur l’immigration, etc.
Cette conférence est prévue depuis deux ans, aux dates indiquées. Ni Sarkozy, ni Kouchner, ni Bachelot-Narquin ne peuvent arguer de la moindre urgence à leur agenda pour justifier leur absence. Seules deux raisons peuvent être avancées : ou bien ils et elle sont indifférentEs à la lutte contre le sida ; ou bien ils et elle ont peur de la colère que leur politique provoque chez les malades du sida, en France et dans le monde, et refusent de l’affronter à la conférence de Mexico.