Lors de l’annonce suisse du 30 janvier 2008, selon laquelle « une personne suivant un traitement antirétroviral avec une virémie entièrement supprimée ne transmet pas le VIH par voie sexuelle », nous avions réagi dans un communiqué de presse, nous reprenons ici les points essentiels.
Nous insistons sur le fait que l’avis émis par la commission suisse concerne seulement le cadre très restrictif de couples sérodifférents, hétérosexuels stables où la personne séropositive a une observance parfaite de son traitement, une charge virale en dessous du seuil de détectabilité depuis au moins six mois et une absence d’infections sexuellement transmissibles, ce qui suppose une absence totale de relations extraconjugales. De plus, cette annonce qui porte sur les couples sérodifférents ne concerne donc pas les 40 % de malades sous traitement ayant une charge virale résiduelle malgré une bonne observance du traitement, et les 20 % de séropositifs sans traitements. Elle n’est pas non plus applicable à la situation des homosexuels et aux rapports anaux en l’absence de données sur cette question ou dans cette population.
Depuis le Conseil national du sida (Un avis du CNS est actuellement en cours d’élaboration sur cette question) et le groupe d’experts en charge de la prochaine parution du rapport pour la prise en charge médicale (Rapport Yéni 2008 bientôt publié) se sont penchés sur la question et il est dorénavant certain que leurs avis n’intègrera pas une application à la lettre des recommandations suisses. La nécessité de poursuivre les recherches dans le domaine devrait aussi être un message fort pour cette question de santé publique. A propos de recherche, celle-ci peut aussi prendre la forme de modélisation et, à la veille de la conférence internationale de Mexico (17ème Conférence internationale sur le sida du 3 au 8 août à Mexico) la revue britanique The Lancet vient de publier un communiqué de presse à propos d’un de ses articles. Ce n’est qu’un modèle, mais la conclusion n’est pas favorable à l’application des recommandations suisses. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans nos colonnes, notamment en mettant en regard plusieurs articles sur ce sujet. A suivre (Mais pas les recommandations suisses !)
Citation
Déclaration suisse, telle que parue dans le Bulletin des médecins suisses 2008, 89:5, page 165.
Après avoir pris connaissance des faits scientifiques, à la demande de la Commission d’experts clinique et thérapie VIH et sida (CCT) de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et après avoir longuement délibéré, la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida (CFS) arrive à la conclusion suivante. Une personne séropositive ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral (TAR) avec une virémie entièrement supprimée (condition désignée par «TAR efficace » ci-après) ne transmet pas le VIH par voie sexuelle, c’est-à-dire qu’elle ne transmet pas le virus par le biais de contacts sexuels.
Cette affirmation reste valable à condition que :
– la personne séropositive applique le traitement antirétroviral à la lettre et soit suivie par un médecin traitant ;
– la charge virale (CV) se situe en dessous du seuil de détection depuis au moins six mois (autrement dit : la virémie doit être supprimée depuis au moins six mois) ;
– la personne séropositive ne soit atteinte d’aucune autre infection sexuellement transmissible (IST).
Pietro Vernazza, Bernard Hirschel, Enos Bernasconi, Markus Flepp