Le fichier Edvige révèle encore la lâcheté politique de Nicolas Sarkozy. Sa mise en place est une atteinte d’une extrême gravité aux libertés publiques. Nous nous sentons concernéEs à plus d’un titre.
Les arguments apportés pour justifier ce nouveau fichier n’ont rien d’original : la défense de « l’ordre public », alibi systématique pour assimiler militantisme et violence. Act Up-Paris est particulièrement concernée, du fait des actions publiques que nous sommes amenéEs à accomplir pour sensibiliser l’opinion. Les militantEs d’Act Up – Paris rentrent donc dans de nombreuses cases d’Edvige. Sans sombrer dans de la paranoïa, nous sommes particulièrement inquiètEs, notamment à cause de faits qui se sont déroulés au cours des derniers mois et qui témoignent d’une volonté de restreindre la liberté d’expression, mais aussi l’implication des militantEs vivant avec le VIH dans les décisions politiques.
Selon les rectifications et aménagements annoncés par le gouvernement, les données recueillies demeurent considérablement étendues. Le fichier visera toujours des membres d’organisations désignées comme « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public » : autrement dit, avec une définition si subjective, toutE militantE d’organisation associative ou syndicale restera fichable, l’activité citoyenne restera la cible. Des données privées telles que « les informations fiscales ou patrimoniales », « l’environnement de la personne » ou les « signes physiques particuliers et objectifs, photographies » et des données personnelles continueront d’être collectées. Les garanties quant au contrôle, à l’accès, à la rectification des données ou à la durée de leur conservation (indéfinie), extrêmement faibles, ne font pas non plus l’objet de nouvelles discussions. Destiné à « informer le gouvernement et les représentantEs des collectivités », accessible à toutE agent de police ou de gendarmerie sans garde-fou suffisant, le fichier Edvige prédispose aux abus, à l’excès et au non respect de l’Etat de droit.
Il ne suffit pas, pour rassurer les associations de défense des droits des malades et des LGBT et pour répondre à une mobilisation citoyenne exemplaire, de renoncer à collecter les données sur la vie sexuelle ou l’état de santé de leurs membres ou de leurs responsables.
Un nouveau décret est en réalité déjà rédigé. S’il prévoit d’abandonner les aspects les plus polémiques du fichier, le gouvernement n’entend pas revenir sur l’essentiel, à savoir un fichier qui mélange des finalités d’ordre administratif et d’autres relatives à la protection de l’ordre public. C’est le fichier en lui-même qui est porteur de graves dérives. C’est pourquoi, partie prenante du Collectif Non à Edvige, Act Up-Paris demande son abrogation.