La mise en place du fichier EDVIGE est une atteinte d’une extrême gravité aux libertés publiques. Nous nous sentons concernéEs à plus d’un titre :
– EDVIGE va ficher les militantEs associatifVEs ou syndicauxLES, notamment celles et ceux qui protestent contre les politiques mises en oeuvre par ce gouvernement ; c’est le cas d’Act Up-Paris, qui se bat contre l’absence de politique de santé de Nicolas Sarkozy et ses ministres, et par les mesures prises depuis un an, hostiles aux personnes vivant avec des maladies graves, ou en situation de grande vulnérabilité.
– EDVIGE permet d’enregistrer des informations médicales et privées sur les militantEs. Le gouvernement réinvente donc le fichier d’homos, et crée un fichier de séropos, de cancéreuxSEs, de diabétiques, etc. Association issue de la communauté homosexuelle, association de séropos, Act Up est particulièrement concernée.
Les justifications apportées n’ont rien d’original : la défense de « l’ordre public », l’alibi systématique pour assimiler militantisme et violence. Là encore, Act Up-Paris est particulièrement concerné, du fait des actions publiques que nous sommes amenéEs à accomplir pour sensibiliser l’opinion.
Les militantEs d’Act up-Paris rentrent donc dans de nombreuses cases d’EDVIGE. Sans sombrer dans de la paranoïa, nous sommes particulièrement inquiètEs, notamment à cause de faits qui se sont déroulés au cours des derniers mois et qui témoignent d’une volonté de restreindre la liberté d’expression, mais aussi l’implication des militantEs vivant avec le VIH dans les décisions politiques :
– Dans le Figaro, édition du 3 septembre 2008, le ministère de l’Intérieur répond aux questions du quotidien concernant les mesures de sécurité particulières mises en place pour la venue du Pape en France. La réponse est en partie dirigée, sans preuves contre Act Up-Paris : « Dans le même esprit, les ultras de la cause «gay», tels qu’Act Up, sont également dans le collimateur en raison d’appels à des manifestations incontrôlées. ».
– ReçuEs lundi 1er septembre par le cabinet de la ministre de la Santé, nous avons notamment exigé que Roselyne Bachelot-Narquin s’exprime en faveur du retrait d’EDVIGE. Elle a refusé de prendre position, renvoyant sur la ministre de l’Intérieur. C’est pourtant bien son devoir de ministre de la Santé et de la Vie Associative que de veiller au respect des personnes vivant avec le VIH et à la liberté des militantEs associatifVEs. Mais visiblement, cette mission s’efface devant les impératifs de « l’ordre public ».
– le 13 juillet 2008, Gérard Gachet, porte-parole de Michèle Alliot-Marie dans le magazine Têtu (13 juillet 2008 – Têtu.com) justifiait le fichage de renseignements portant sur l’orientation sexuelle ou le statut sérologique de militantEs de la cause gay ou de la lutte contre le sida à cause d’éventuelles menaces à « l’ordre public ».
– le 10 juin 2008, deux militantes de l’association invitées à la conférence nationale du handicap présidée par Nicolas Sarkozy se sont vues expulsées manu militari sur ordre de l’Elysée de la salle de conférence, par peur d’une interpellation publique.
– le 08 février 2008, dans des circonstances identiques, l’accès à la clôture des Etats généraux de l’organisation des soins nous avait été refusé. Le ministère de la santé se justifiait alors en prétextant une éventuelle action du Comité contre les franchises lors du discours de Roselyne Bachelot-Narquin.
Sans avoir eu les moyens matériels de s’associer au recours devant le Conseil d’Etat entrepris par de nombreuses associations et personnes, Act Up-Paris soutient cette démarche. À côté du combat judiciaire, il y a le combat politique : ce que montre cette volonté de contrôle de l’action militante, c’est avant tout la lâcheté politique d’un gouvernement, mené par un Président qui fait tout pour se protéger de la colère légitime que suscite sa politique. Plus ce gouvernement se protégera des protestations des personnes les plus vulnérables, plus il montrera son illégitimité.
Nous exigeons la suppression du fichier EDVIGE.